Au petit matin, un peu après 4 heures du matin, les premiers voyageurs emprunteront la nouvelle passerelle – accessible soit par la place Léopold, soit par la place des Congrès – pour rejoindre leur quai. Même s’il est encore trop tôt pour recueillir les premiers témoignages, on peut sans doute s’attendre à des avis partagés, tantôt nuancés, tantôt tranchés. A noter que depuis l’annonce de la SNCB et la diffusion des premières photos, les commentaires vont bon train.
Sur les réseaux sociaux notamment, de nombreux citoyens maintiennent leur position, à savoir que la construction de cette nouvelle gare est un gouffre financier avant d’être une prouesse architecturale. Difficile de ne pas rappeler que le budget initial des travaux était de 37 millions d’euros… Et que la dernière estimation annoncée en novembre par le directeur des gares SNCB, Patrick Couchard, en commission « Mobilité » de la Chambre, était de 480 millions d’euros. L’entretien annuel est estimé à près d’un million d’euros.
« J’ai utilisé les transports en commun pour me rendre au travail pendant 35 ans. Dans des trains vétustes et souvent sales, subissant de nombreux problèmes et retards suite à des pannes techniques. Une gare « œuvre d’art » à 480 millions « Les euros ne sont pas ce qu’attendent les usagers, mais ces projets inutiles sont le souhait de ceux qui ne prennent jamais les transports en commun. »estime un citoyen.
“Son entretien coûtera toujours un bras et une jambe. C’est de l’indécence», mentionne un autre internaute. « Dans les 480 000 000 d’euros, combien la SNCB a-t-elle payé ?!? mais il n’y a plus d’argent pour rendre la 5G accessible dans les trains… Les gens qui travaillent dans le train, les touristes qui font des recherches pour leur séjour, tous les gens qui veulent se connecter, qu’importe ? Mais une station extravagante pour flatter l’ego d’un homme, pas de soucis… »
Ou même « bravo Mons, combien de gares ne peuvent pas être rénovées ?» « Budget largement dépassé, délais largement dépassés, plateformes largement sous-équipées… Quelle belle réussite. Il vaudrait mieux dépenser de l’argent pour mettre les trains à l’heure.» De manière générale, les commentaires émis ont tous une connotation négative. Issu d’une majorité silencieuse qui ne prend pas la peine de s’exprimer sur la toile ou d’un vrai ressenti ? Les premiers avis « officiels », basés sur la découverte de cette gare passerelle controversée, tomberont ce mercredi.
Pour le reste, on ne peut que rappeler que cette « méga-station » est la dernière du genre et le fruit d’une évolution qui s’est déroulée sur de nombreuses années. Il s’agit en fait d’une quatrième version. La première gare, située sur l’actuelle place Léopold, fut mise en service le 19 décembre 1841. Ce premier bâtiment fut remplacé par un nouveau, long de près de 200 mètres, mis en service en 1874. Détruit par les bombardements américains le 10 mai. 1944, cette deuxième gare a été remplacée par une nouvelle infrastructure inaugurée en 1952. Ce bâtiment a été fermé aux voyageurs en mars 2013 : sa démolition débute trois mois plus tard, dans une volonté de modernisation.
Le projet initial, confié à l’architecte espagnol Santiago Calatrava, était une passerelle au-dessus des quais reliant le cœur historique de Mons au nouveau quartier des Grands Prés. Ce projet évolue vers celui d’une « gare pont », ce qui nécessite la démolition de la gare des années 1950.