Le fondateur de Sea Shepherd, Paul Watson, ne sera pas extradé vers le Japon pour répondre à des accusations liées à un incident survenu à bord d’un baleinier en 2010, a décidé le ministère danois de la Justice.
M. Watson, 74 ans, est détenu au Groenland, territoire autonome du Danemark, depuis juillet, après avoir été arrêté en vertu d’un mandat international émis par le Japon en 2012.
Le mandat l’accusait d’avoir endommagé un baleinier japonais dans l’Antarctique en 2010 et d’avoir blessé un membre d’équipage.
Il a été libéré mardi à Nuuk, la capitale du Groenland.
Cette évolution est intervenue après que l’avocate de M. Watson, Julie Stage, a annoncé qu’il ne serait pas extradé vers le Japon en raison des accusations portées contre lui.
Selon des documents consultés par l’AFP, le ministère danois de la Justice a pris sa décision en tenant compte de la durée de détention de Watson après son arrestation et du - qu’il faudrait pour qu’une éventuelle extradition soit effectuée.
Le ministère a également pris en compte « le fait que les actes pour lesquels l’extradition est demandée remontent à plus de 14 ans, ainsi que la nature de ces actes en général ».
“La décision est basée sur une évaluation globale des circonstances de l’affaire spécifique”, a indiqué le ministère dans un communiqué.
M. Watson est le fondateur de l’organisation anti-chasse à la baleine Sea Shepherd et a joué dans la série de télé-réalité Whale Wars.
Il s’est séparé de Sea Shepherd en 2022, alléguant qu’on lui avait dit que sa réputation était incompatible avec la direction que prenait l’organisation.
Le Japon affirme que le mandat n’est pas “un problème de chasse à la baleine”
M. Watson a été arrêté le 21 juillet de cette année alors que son navire était en route pour « intercepter » un nouveau navire-usine baleinier japonais dans le Pacifique Nord, selon la Fondation Capitaine Paul Watson.
Tokyo accuse M. Watson d’avoir blessé un membre d’équipage japonais avec une bombe puante destinée à perturber les activités des baleiniers lors d’un affrontement entre Sea Shepherd et le navire Shonan Maru 2 en 2010.
Les avocats de M. Watson ont déclaré disposer d’une séquence vidéo prouvant que le membre d’équipage n’était pas sur le pont lorsque la bombe puante a été lancée.
Ils ont accusé les autorités japonaises de tenter de museler son travail et ont promis qu’il « reprendrait son combat pour le respect de la nature ».
Dans un rare commentaire public sur l’affaire, le ministre japonais des Affaires étrangères Takeshi Iwaya a déclaré que la demande d’extradition était « une question d’application de la loi en mer plutôt qu’une question de chasse à la baleine ».
Le ministre danois de la Justice, Peter Hummelgaard, a également déclaré que « cette décision ne signifie pas que le Danemark partage les préoccupations soulevées dans certains milieux concernant le système juridique japonais et la protection des droits de l’homme au Japon dans le cadre de cette affaire spécifique ».
Les avocats de M. Watson ont déclaré qu’ils s’opposeraient au mandat d’arrêt international et à une « notice rouge » distincte, qui oblige les autorités chargées de l’application des lois du monde entier à localiser et arrêter une personne.
Reuters/AFP