VALENTINE CHAPUIS / AFP
Retailleau ose une reprise politique sur Mayotte, et provoque un tollé (photo d’illustration prise fin octobre à Toulouse).
POLITIQUE – Environ 24 heures. C’est le - qu’il aura fallu à Bruno Retailleau, ministre démissionnaire chargé de la gestion des crises à Mayotte, pour pousser une nouvelle fois ses obsessions politiques. Arrivé dans l’archipel dimanche 15 décembre au soir pour constater les dégâts colossaux et tenter de mesurer le bilan humain sans doute dramatique après le passage du cyclone Chido sur l’archipel, le locataire de la place Beauvau est reparti le lendemain… visant l’immigration.
L’archipel ne peut pas être reconstruit « sans aborder la question migratoire », a-t-il déclaré sur les réseaux sociaux, appelant à “légiférer” sur le sujet. Selon Bruno Retailleau, « L’Etat est mobilisé depuis le début pour venir en aide aux victimes et éviter que d’autres crises ne viennent aggraver le malheur, mais il faut déjà penser au lendemain ».
Le lendemain ? Pour l’ancien sénateur vendéen, il s’agit donc en priorité d’un nouveau tour de vis migratoire. Manière, selon lui, de lutter contre « la dérive que les gouvernements ont laissé s’installer » et dont Mayotte est la ” symbole “. “Il faudra légiférer pour qu’à Mayotte, comme partout sur le territoire national, la France reprenne la maîtrise de son immigration », écrit le ministre de l’Intérieur, appelant à ” détermination. »
La gauche choquée, Bayrou fragilisé ?
Une sortie très politique à l’heure où la course contre la montre est déjà engagée à Mayotte pour retrouver des survivants et venir en aide aux milliers de victimes. Ceci, alors qu’il est impossible pour l’instant – de l’aveu même de Bruno Retailleau – de dresser le bilan humain de la tragédie, même si les autorités craignent des centaines, voire des milliers de morts. Ce qui en ferait la catastrophe naturelle la plus meurtrière en France depuis 100 ans.
Dans ce contexte, la déclaration de Bruno Retailleau – qui va à l’encontre de l’attitude adoptée par l’exécutif, et de la volonté d’Emmanuel Macron de décréter un deuil national – suscite des réactions indignées. A gauche notamment, le ministre choisi par Michel Barnier et qui verrait son bail à Beauvau prolongé sous François Bayrou, est accusé de « récupération » en pleine tragédie.
« Les Mahorais comptent leurs morts, et le ministre de l’Intérieur ne trouve rien de mieux à faire que de sombrer dans la pure ignominie »a par exemple fustigé la présidente du groupe La France insoumise Mathilde Panot sur les réseaux sociaux, à l’unisson de nombreux membres de son camp.
Plus largement, cette répulsion s’exprime au sein de toutes les formations du Nouveau Front Populaire. Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, a ainsi nuancé le ministre « obsessionnel, indécent et incohérent » sur le même réseau social, lorsque sa collègue, l’écologiste Léa Balage El Mariky dénonçait un « indécence illimitée ».
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Des réactions indignées qui pourraient avoir des conséquences ? Notamment sur le futur gouvernement ? Ce type de communiqué de Bruno Retailleau souligne la difficulté de la tâche qui attend François Bayrou. Le Premier ministre doit former une équipe en donnant des engagements à la droite, incarnés notamment par le ministre démissionnaire, tout en essayant de ne pas mettre à mal la gauche pour obtenir sa bienveillance et « non-censure ».
A moins qu’il ne choisisse, comme Michel Barnier, de se remettre entre les mains du Rassemblement national. Soulignons, en ce sens, que la déclaration (pour le moins hâtive) de Bruno Retailleau ne pose guère de problème à cette partie de l’échiquier politique.
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