Comment le Luxembourg lutte contre la radicalisation

Comment le Luxembourg lutte contre la radicalisation
Comment le Luxembourg lutte contre la radicalisation

Au milieu des années 2010, comme la plupart des pays occidentaux, le Luxembourg observe avec surprise puis crainte le départ de jeunes islamistes radicalisés de la zone irako-syrienne. Parmi eux, Steve Duarte, qui sera selon toute vraisemblance jugé « par défaut » au Luxembourg pour ses crimes présumés commis au Levant. Au-delà de ces cas précis – et heureusement sporadiques – la question de la radicalisation est entrée dans le débat public avec la nécessité de prendre le problème à bras-le-corps.

Sous l’impulsion de l’Union européenne, le gouvernement a donc créé en 2017 le Centre contre la radicalisation. Pour des raisons de sécurité, son adresse n’est pas publique. Mais sept ans après sa création, l’asbl est toujours très active. Rouage essentiel de la lutte contre l’extrémisme, il est régulièrement amené à collaborer avec la justice pour prendre en charge les personnes reconnues coupables de propos ou d’actes liés à la radicalisation. Elle est également sollicitée par les écoles, et même par des parents dépassés par les excès de leur enfant. Actuellement, environ 90 personnes sont accompagnées, en ateliers collectifs et/ou individuels.

Si l’islamisme radical a été le point de départ du projet, l’association ne se concentre pas uniquement sur l’extrémisme religieux, mais sur tous les types de radicalisme pouvant conduire à des comportements discriminatoires et sectaires. Une récidive est apparue au fil des années : « Les phénomènes de radicalisation se produisent en décalage avec l’actualité. Il y a eu l’extrémisme de droite, puis le complot après le Covid et l’antisémitisme après le 7 octobre », explique Karin Weyer, directrice du centre.

Avec des pensées plus ou moins structurées : « Certaines personnes n’ont pas une idéologie bien formée et cumulent plusieurs types de haine. » La radicalité pour la radicalité en somme, et un sacré défi pour des éducateurs non spécialisés dans un domaine particulier. « Nous essayons d’établir un contact humain, sans juger la personne, mais avec une position claire contre la violence. L’idée est de trouver une faille dans l’idéologie », résume le professionnel.

Compte tenu des profils très différents, les chances de réussite varient grandement d’une personne à l’autre, mais le centre se réjouit de voir la majorité revenir dans le bon chemin. « Une femme qui est passée par le centre a vu sa religion comme une autorisation de haïr le système et les incroyants. Mais elle a évolué. Sa religiosité est restée constante, mais elle lui a ensuite permis d’être en contact avec les êtres humains.

Mais toutes les histoires ne se terminent pas bien et, dans de rares cas, l’association a dû alerter les autorités des propos inquiétants de certains participants. L’association n’a jamais eu affaire à des personnes parties faire le jihad à l’étranger, mais observe attentivement les grandes tendances du monde actuel. L’extrémisme de droite, le sexisme et l’homophobie inquiètent, tout comme « la rapidité de certains processus de radicalisation, qui, avec la montée des réseaux sociaux, se sont accélérés ».

 
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