le combat de la parole contre le vide

le combat de la parole contre le vide
le combat de la parole contre le vide

François Bayrou croit en Dieu, en lui aussi, habité par un destin forgé dans l’adversité, habité enfin par la religion des livres : comme son père Calixte, maire de Bordères avant lui, le nouveau Premier ministre récite volontiers des vers de Hugo. Diplômé d’études classiques à 23 ans, deux semaines après la mort accidentelle de son père, François Bayrou a ensuite enseigné pendant six ans, tout en dirigeant l’entreprise familiale, avant de se lancer dans la politique. L’homme est un lettré, auteur d’un mémoire sur Péguy et d’une biographie deHenri IV, le roi libresuccès critique et public il y a trente ans.

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Il est également un défenseur des langues régionales, notamment du béarnais ; Le 29 novembre, lors des rencontres littéraires « Les idées conduisent le monde », à Pau, le maire a expliqué à l’assemblée comment prononcer le nom de la « maison Adiiou », qui confectionnait le dessert. Vendredi, lors de la passation de pouvoir avec Michel Barnier, le nouveau Premier ministre revendique son attachement “aux Français” autant que“en français”. Son premier ” obsession “ être « le mur de verre qui a été construit entre les citoyens et les autorités. Un ennemi à combattre » qui se manifeste en premier, développe Bayrou, en « comprendre ce que nous disons, les mots que nous utilisons pour décrire la situation, les éléments de langage, comme nous le disons ». Sa promesse : «Je vais essayer de débarrasser notre vie publique et nos débats des mots artificiels, des mots dont nous avons le sentiment qu’ils ont été écrits bien avant que nous les prononcions. »

Le charabia qui a triomphé avec le macronisme, le jargon techno mêlé au langage des affaires, les anglicismes, aux inclusivités contradictoires, ont provoqué tant de tensions.

Dans la continuité de Michel Barnier, qui avait déjà ramené le vieux monde à Matignon, Bayrou a fort à faire pour redynamiser la parole publique. Le charabia qui a triomphé avec le macronisme, le jargon techno mêlé au langage des affaires, les anglicismes, à l’inclusivité heurtée, ont suscité tant de tensions : procès de déconnexion, d’arrogance, maquillage du vide… Peut-être y échapperons-nous « l’âge charnière » de ses prédécesseurs, « ruralité » et à « territoires »évoqué même par Jean Castex, pourtant un Pyrénées comme lui… De son côté, Gabriel Attal a joué sur la simplicité directe et enveloppante (« nos agriculteurs »qu’il a découvert), plus habile, mais parfois affecté. « En position de » pouvoir, François Bayrou semble partir en croisade contre les travers d’un langage « disruptif », pour redonner du langage et du sens à la « gouvernance ».

Certains de ses détracteurs affirment cependant qu’ayant été longtemps sevré des responsabilités nationales, il a également été “un homme de mots” par défaut, ce qui aurait parfois cédé au langage de bois. Avec quelques éclats, comme son fameux « Vous ne me faites pas les poches ! » » lancé sur le jeune qui avait été giflé lors de la campagne de 2002. Attention : la phrase pourrait faire un bon slogan pour des opposants qui le prendraient… au mot.

 
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