Une peine de cinq ans de prison, dont deux ans, a été requise mardi 10 décembre contre le réalisateur Christophe Ruggia, jugé à Paris pour agressions sexuelles sur Adèle Haenel alors qu’elle avait entre 12 et 14 ans.
Le procureur a demandé que la partie ferme de cette peine soit placée directement sous bracelet électronique, ce qui signifie que Christophe Ruggia n’irait pas en prison si le tribunal suit les poursuites. Elle a également exigé l’inscription au registre des auteurs d’infractions sexuelles, l’interdiction de tout contact avec la victime et l’obligation de l’indemniser. L’audience doit se poursuivre avec les plaidoiries de la défense, et la décision du tribunal sera alors mise en délibéré.
Quelques heures plus tôt, lors de l’audience et alors que le réalisateur affirmait à la barre qu’il avait tenté de la protéger lors de ses débuts au cinéma, l’actrice s’est soudainement levée, frappant ses mains à plat sur la table devant elle, avant de crier : : “Mais tais-toi !” ». Elle a ensuite quitté la pièce.
Adèle Haenel, 35 ans, qui s’est depuis retirée du cinéma, venait de faire une courte déclaration à la barre. « Qui était là autour de cette enfant pour lui dire : ‘Ce n’est pas ta faute. C’est de la manipulation. Est-ce de la violence ? »» a demandé l’actrice, en costume noir. « Tout le Monde me demande de pleurer sur le sort de M. Ruggia, mais qui se souciait de l’enfant ? Attaquer des enfants comme ça n’arrive pas. Cela a des conséquences. Personne n’a aidé cet enfant »ajouta-t-elle, la voix tremblante.
Le tribunal a alors appelé Christophe Ruggia, lui demandant de réagir. «J’avais conscience dès le début de la complexité de ce film… »a commencé le réalisateur, à propos de son long métrage Les Diablesdans lequel Adèle Haenel tenait le rôle principal lorsqu’elle avait 12 ans, en 2001. “On est d’accord qu’Adèle Haenel ne vous reproche pas les conditions de tournage, mais la suite”l’interrompit le président.
Le réalisateur de 59 ans, ventre bedonnant sous une veste grise, petite barbe, a assuré avoir tenté de l’aider, par exemple dans sa vie. “au collège” où on pourrait se moquer d’elle. “Je lui ai dit de prendre un pseudonyme”a-t-il lancé, avant d’être interrompu par le cri d’Adèle Haenel. Après une absence d’environ une demi-heure, l’actrice est revenue dans la salle d’audience, assise, visage fermé, au bout du banc des parties civiles.
Lire l’histoire (en 2019) : Article réservé à nos abonnés Après le discours d’Adèle Haenel, la nécessaire prise de conscience du cinéma français
Lire plus tard