THOMAS SAMSON / AFP
Les insoumis de plus en plus isolés à gauche après Barnier (photo prise à l’Assemblée le 5 novembre 2024)
POLITIQUE – Habillez-vous le lendemain. Comme prévu, le gouvernement de Michel Barnier a été renversé ce mercredi 4 décembre en début de soirée, après le vote d’une motion de censure déposée en réaction au 49.3 sur le budget de la Sécurité sociale. Les députés du Rassemblement national ont joint leurs voix à celles du NFP pour mettre fin au bail du Savoyard à Matignon.
Un dernier baroud d’unité pour le Nouveau Front Populaire ? La question se pose, alors que l’alliance des partis de gauche, qui a revendiqué Matignon après sa victoire (d’une courte tête) aux législatives anticipées, est une nouvelle fois menacée par le spectre des divisions. Et pour cause : deux lignes s’affirment pour construire la nouvelle ère qui s’ouvrira en cas de départ du Premier ministre.
Des divergences de vues stratégiques, entre socialistes et insoumis notamment, qui tendent à isoler le mouvement fondé par Jean-Luc Mélenchon, toujours attaché à la figure de Lucie Castets et intransigeant sur le programme initial du Nouveau Front populaire. Ailleurs, le ton change quelque peu, avec des partis qui semblent tendre la main, notamment au centre.
Négocier un « non-censure » ?
Le Parti Socialiste a été le premier à envoyer des signes en dehors de la gauche. Dix jours avant la motion de censure, le président du groupe PS à l’Assemblée nationale Boris Vallaud a annoncé vouloir proposer aux différents partis représentés au Palais Bourbon (à l’exception du RN) « poser la question des conditions de non-censure »s’il le faut, reprenant ainsi une idée martelée depuis l’été par son collègue Philippe Brun. ” Nous sommes prêts à des compromis texte par texte, nous sommes prêts à discuter des priorités de politique budgétaire.»a assuré Boris Vallaud dans Questions politiques sur France Inter et franceinfo.
Une position reprise depuis par les différents dirigeants des Roses. Ce mercredi, le premier secrétaire Olivier Faure a de nouveau préconisé sur BFMTV la nomination d’un Premier ministre qui partage les valeurs de la gauche et qui renoncerait au 49.3 “en échange d’un accord de non-censure ».
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Dans ce contexte de changement politique, les socialistes ont été rejoints par les écologistes et les communistes. Sans le dire, les deux parties soutiennent peu ou prou la même logique, qui vise à établir un accord de « non-censure » avec le camp présidentiel, autour de « priorités ” ou “ lignes rouges », selon les différents termes. Quitte à ne plus poser la nomination de Lucie Castets à Matignon comme un préalable aux discussions. Une nouveauté de taille quand le principal concerné dit aussi de ne pas en faire » question personnelle. »
Côté Verts par exemple, les députés ont annoncé ce mercredi 4 décembre une « base de onze mesures prioritaires » qui doit servir de “point de départ” pour la formation d’un gouvernement de gauche. Ils annoncent également dans les colonnes de Monde que ce gouvernement s’engagerait à ne pas recourir à l’article 49.3 de la Constitution et chercherait à obtenir la bonne volonté des partis du camp présidentiel et des Républicains pour qu’ils ne le renversent pas. Une ligne bien plus proche de celle du PS que de celle des insoumis.
LFI pousse Castets à Matignon
Face à ce changement de ton du Parti socialiste, les élus de la gauche radicale dénoncent, selon les mots du patriarche Jean-Luc Mélenchon, « l’organisation d’un nouveau socle commun » avec les macronistes, à la place de l’actuelle alliance NFP.
Cependant, pour les dirigeants de LFI, deux solutions sont possibles pour sortir de la crise après la censure de Michel Barnier : la démission du président de la République et une élection présidentielle anticipée ultérieure à laquelle Jean-Luc Mélenchon se voit concourir. Ou la nomination de Lucie Castets à Matignon, la candidate désignée par les quatre partis l’été dernier, pour appliquer le programme du Nouveau Front populaire. Et c’est tout.
Mardi, la présidente du groupe insoumis à l’Assemblée nationale Mathilde Panot a par exemple expliqué lors d’une conférence de presse qu’un “un accord de non-censure” serait « en fait, une forme d’alliance gouvernementale avec les macronistes. » « Dans le cas où un tel accord se produirait, il y aurait alors rupture avec le Nouveau Front Populaire, et j’ose espérer que personne n’ira aussi loin.a-t-elle argumenté, appelant ses partenaires à rejoindre la position de son groupe : « Un gouvernement NFP, avec le programme NFP. »
Ici, non » compromis », comme l’envisagent notamment les socialistes, mais « majorités texte par texte » à l’Assemblée, sur l’abrogation de la réforme des retraites par exemple. Une ligne de fracture qui pourrait fragiliser l’avenir de l’alliance. Ceci, à condition qu’Emmanuel Macron envisage de tourner le gouvernail vers la gauche. Ce qui n’est pas vraiment le plus probable.
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