Cela fait plusieurs mois que les dirigeants du CCF ont annoncé qu’un plan de restructuration était en préparation. Mais les employés de la banque ne s’attendaient peut-être pas à une telle ampleur. Lors d’un comité d’entreprise tenu mercredi 4 décembre, la direction a annoncé la suppression prévue de 84 agences sur les 235 que compte le groupe et un plan de sauvegarde de l’emploi concernant environ 1 250 personnes sur les 3 400. employés de banque. Les fermetures tiendront compte de plusieurs critères, comme la taille des agences, la couverture territoriale et leur potentiel de rentabilité. Les agences parisiennes seront concernées par 30% des fermetures, une proportion identique à celle concernant toutes les autres grandes villes, comme Marseille ou Nantes.
My Money Group, la structure de tête du CCF appartenant au fonds Cerberus, est également concernée. Ses effectifs devraient passer de 490 personnes aujourd’hui à 320 après ce plan, soit 160 départs, concernant principalement les fonctions support. « Même si on fera en sorte que les gens qui le souhaitent et qui le peuvent soient reclassés, il y aura des départs forcés du CCF», affirme un délégué syndical. Au total, environ 1.410 personnes du groupe élargi sont donc concernées sur les 3.910 qu’il comprend.
« Après une phase de stabilisation, des réunions de terrain et des analyses approfondies, le groupe a précisé sa vision stratégique pour répondre à son ambition de devenir la banque de patrimoine à taille humaine de référence sur le marché français et renouer avec la compétitivité.», explique un porte-parole de la banque. Cette clarification implique donc de réduire d’un tiers la taille de la structure. La banque veut, avec cette rationalisation de ses coûts, «atteindre l’équilibre en 2026 et présenter un résultat positif en 2027», a-t-elle indiqué à L’Agefi. Si l’intention est louable, «ce plan est colossal», déplore un représentant du personnel.
En 2021, lorsque le rachat du réseau HSBC France a été annoncé par le fonds Cerberus, pour lequel la banque britannique a dû émettre un chèque de 1,6 milliard d’euros, c’est justement ce type de décision que redoutaient les salariés.
Enquêtes internes
Selon la direction, le fonctionnement de ces points de vente sera très différent de ce qu’il est aujourd’hui. Le CCF envisage de récompenser les directeurs d’agences »des marges de manœuvre accrues pour gérer l’activité commerciale et la performance financière de leur agence, raccourcir les circuits de décision et renforcer le rôle des conseils», précise un porte-parole. Ces déclarations confirment celles faites par Niccolo Ubertalli dans L’Agéfi juillet dernier. “Mais cela reste une vision d’un plan stratégique. Il y a maintenant de la pratique, et c’est très différent», assure un syndicaliste.
Quelques heures seulement après avoir été informés du plan de sauvegarde, certains salariés s’inquiètent pour l’avenir de la structure. “Est-il possible pour une banque traditionnelle de survivre avec un réseau de seulement 150 agences ? », se demandent-ils en interne. Cette question est légitime, car les banques, même les plus grandes d’Europe, cherchent à se développer pour atteindre une taille critique. Il est cependant difficile de comparer entre les grandes banques universelles et les entités plus spécialisées. « La situation est complètement différente selon les métiers concernés. Il est possible qu’une banque en réseau soit très rentable, même avec un nombre limité d’agences.déclaré à L’Agéfi très récemment directeur d’une grande banque française.
Reste à savoir quels moyens seront mis en œuvre par le CCF pour parvenir à un «croissance durable», comme il aspire à le faire. Pour l’instant, un plan de 100 millions d’euros d’investissements sur deux ans a été engagé du côté technologique de la banque et de la formation. La structure ne communique toutefois pas sur ce que pourrait lui coûter le plan de secours. Les discussions à ce sujet pourraient durer jusqu’en avril 2025, pour des vagues de départs qui pourraient avoir lieu en 2025 et 2026. Cerberus s’était engagé à ne licencier personne de la banque pendant un an après la finalisation définitive de l’opération de vente avec HSBC intervenue en janvier. 1er janvier 2024. Le délai sera respecté, mais de justesse.