Les faits
C’est une des phrases qui fait beaucoup de bruit. Mardi 3 décembre 2024, alors qu’il est sous la menace d’une motion de censure, Michel Barnier indique que si son gouvernement tombe, le budget 2025 ne sera pas adopté et que « près de 18 millions de Français verront leurs impôts augmenter ». “D’autres paieront pour la première fois”il a ajouté.
Un chiffre également repris par le parti Renaissance sur son compte Twitter.
Vérification
L’affirmation de Michel Barnier serait tirée d’un article de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) du 1est Octobre 2024. L’article décrit les conséquences sur le budget des ménages si le barème de l’impôt sur le revenu n’est pas révisé.
En cas de chute du gouvernement, il pourra par décret faire voter par le Parlement une « loi spéciale » qui permettra à l’État de continuer à fonctionner l’année prochaine, en renouvelant dépenses et recettes à l’identique, dans les mêmes conditions qu’en 2024. Ainsi, le barème de l’impôt sur le revenu ne serait pas révisé en fonction de l’inflation, comme c’est traditionnellement le cas.
Selon les projections de l’OFCE, un gel du barème entraînerait en effet une hausse des impôts qui permettrait à l’Etat de « collecter 3 milliards d’euros de recettes fiscales supplémentaires » et « 380 000 foyers » ceux qui ne devraient pas payer d’impôt sur le revenu y seraient alors soumis.
D’après cet article, « 17,6 millions de foyers » – soit entre 30 et 35 millions de Français car un foyer fiscal est le plus souvent composé de deux personnes – verront leurs impôts augmenter. Les principales concernées seraient les classes moyennes. « En cas de gel, les ménages proches du niveau de vie médian perdraient entre 50 et 100 euros par an »soit « 0,2 à 0,3 % de leur niveau de vieprécise l’article. Ces pertes dépasseraient les 250 euros pour les 15% des ménages les plus aisés ».
Cependant, la censure et une loi spéciale ne signifient pas qu’aucun budget ne pourra être voté en 2025. En effet, le prochain gouvernement pourra alors proposer un budget rectificatif pour 2025 et s’il est voté avant la déclaration fiscale, le nouveau barème sera être pris en compte. « Il faut être prudent mais cela ne devrait pas être dès le 1erest Janvierconfirme sur CMR Éric Heyer, directeur du département d’analyse et de prévision à l’OFCE. Cela devrait être au moment des impôts. Ce n’est pas immédiatement avec le prélèvement à la Source, mais il sera réévalué s’il n’y a pas de budget. On peut toujours penser qu’il y aura un gouvernement qui pourra adopter un budget avec indexation. Il est donc possible que ce soit presque indolore. » Ce qui ne concernerait pas 17,6 millions de foyers.
Le jugement
C’est faux. La motion de censure n’impliquera pas forcément une augmentation d’impôts pour 18 millions de Français, comme l’a évoqué Michel Barnier. Il appartiendra au prochain gouvernement de voter un budget qui tiendra compte de la revalorisation du barème avant septembre 2025, date du nouveau montant du prélèvement à la Source après la publication des fiches fiscales. Les députés ont également la solution de voter un amendement visant à indexer la taxe sur l’inflation et à empêcher toute augmentation.
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