Doria Tillier dit avoir donné à votre personnage un côté « très Kim Kardashian ». Est-ce ainsi que vous aussi vous l’avez abordé ?
Anaïde Rozam : Je pense que Doria a parlé de Kim Kardashian pour me guider dans la façon dont Daphné aborde son métier (et sa coupe de cheveux !). C’est une jeune femme qui veut devenir une journaliste star et qui a parfois des manières de personne gâtée. Mais c’est aussi une jeune femme carriériste qui travaille dur pour atteindre ses objectifs. Ce que j’ai beaucoup aimé dans le personnage et dans le scénario, c’est que Daphné arrive à cohabiter avec Iris dans une forme de légèreté, même si tout oppose les deux femmes. Contrairement aux gens qu’Iris rencontre sur son chemin, Daphné n’est pas vraiment influencée par les conventions sociales et «ce qui est fait ou pas fait ». Elle s’en fiche, comme Iris.
Et vous, de quoi rêvez-vous dans votre vie et votre carrière ?
Dans la vie, je ne rêve pas vraiment car j’ai tout ce qu’il faut pour être heureux : un environnement sain, un métier qui me passionne et une vie privilégiée. J’ai beaucoup de chance. Ce dont je rêve, c’est que ça dure. En tant qu’actrice, je rêve de rôles féminins riches et surprenants, aussi bien dans la comédie que dans le drame. Je rêve aussi que personne ne m’enferme dans un type de cinéma, que personne ne me mette une étiquette. Je rêve enfin de réaliser, que ce soit en tant que metteur en scène ou en ouvrant plus tard une école de théâtre. Je n’ai pas encore expérimenté mais je suis très attiré par la direction d’acteur.
Êtes-vous aussi franc qu’Iris dans la vie ?
Tout dépend de la personne en face ! Avec certains, je pourrai me développer tandis qu’avec d’autres, je n’aurai ni l’énergie ni le -. Mais contrairement à Iris, je m’inquiète un peu moins même si en regardant la série, je me suis rendu compte que je pense parfois comme elle. Mais je ne creuse pas par convention et parce qu’on n’a pas forcément le - de s’interroger trop longtemps sur certains sujets. Exemple avec la première scène dans laquelle Iris (Doria Tillier) parle des capsules de bouteilles. Je suis d’accord avec ça ! Mais je ne vais pas m’inquiéter.
Comment est Doria en tant que réalisatrice et Doria en tant qu’actrice ?
J’ai été assez impressionné par elle. Moi aussi, je rêve de devenir réalisateur mais je n’y suis pas du tout. La voir réaliser et jouer le rôle principal dans une série était impressionnant ! Être dirigé par un autre acteur est un vrai plaisir. Il se met à la place de l’autre et a cette sensibilité particulière. Il sait réaliser parce que lui aussi a été dans cette position, devant la caméra.
Odile (Pascale Arbillot), la collègue enseignante d’Iris, lui raconte en parlant de son livre qu’elle ne supportait pas les critiques de quelqu’un sur son travail. Et vous, que pensez-vous des critiques ?
C’est un peu paradoxal : nous voulons être regardés mais pas critiqués. Mais c’est impossible ! Évidemment, nous accordons toujours plus d’importance aux avis positifs qu’aux avis négatifs. Je vais dire un truc grossier et très bête, mais l’essentiel c’est d’avoir une base et un entourage bien présent. Vivre la critique n’est absolument pas constructif. Si je me sens bien dans un projet, les critiques négatives me passent un peu à côté. Si je sais que je suis mauvais, cela me blessera profondément.
Vous avez débuté votre carrière sur Instagram en postant des petits sketchs. Les critiques des réseaux sociaux sont-elles aveugles ?
Pas tant que ça… Sur Instagram, je n’ai pas donné assez à manger pour que les gens me critiquent. Je suis de moins en moins comme ça, mais quand j’ai commencé les vidéos, j’avais envie de faire plaisir à tout le monde. Quand on me disait que je jouais un personnage trop bourgeois, j’en ai joué un autre. Je n’ai pas non plus reçu beaucoup de critiques physiques parce que j’avais volontairement l’air moche et je me filmais en gros plan pour que les gens ne parlent pas de mon corps. C’est en faisant la saison 4 de Mdr : celui qui rit, sort ! (Prime Video) que j’ai reçu beaucoup de critiques sur mon physique, mes seins… La série n’était pas le projet de ma vie, donc ce n’est pas grave. Là, je suis fier de ce que je fais Iris. Si quelqu’un me critique, je supposerai que je n’ai pas aimé ça et je l’accepterai. Ce qui fait le plus mal, c’est de constater qu’un avis négatif est bien rédigé, bien développé et intelligemment rédigé. Les gens qui disent “elle joue mal“, “elle craint” ou “elle est moche”franchement ça me passe au-dessus de la tête.
Vous êtes également l’une des têtes d’affiche de la saison 1 de Culte (Prime Video), une série qui cartonne et qui a été saluée par la critique. Comment vivez-vous son énorme succès et ressentez-vous déjà un impact sur votre carrière (contacts, projets proposés, etc.) ?
Je suis très touché par les retours sur la série. C’est aussi la première fois qu’on me complimente autant sur mon jeu, mais j’essaie de ne pas trop m’y attarder pour ne pas me perdre dans les limbes du voyage de l’ego, qui peut arriver sans prévenir et réduire la vision. nous avons de nous-mêmes. Finalement, j’ai effectivement eu quelques offres depuis la sortie de la série, mais disons que je n’ai pas encore trouvé la bonne adéquation en termes de rôles. Peut-être suis-je devenu un peu plus gourmand après le plaisir indescriptible d’avoir joué un rôle féminin aussi bien écrit et aussi complet que celui d’Isabelle de Rochechouart.