Le cours de bourse du groupe Stellantis illustre la descente ultra-rapide aux enfers de Carlos Tavares.
AUTOMOBILE – Dix ans de succès, six mois de crise et au final, un départ surprise. Directeur général emblématique du groupe Stellantis, Carlos Tavares a démissionné dimanche 1er décembre, quittant le constructeur automobile plus d’un an avant sa retraite programmée.
Le Portugais de 66 ans paie une gestion ferme mais surtout un redressement spectaculaire de la situation financière du groupe, dont il avait fait un géant mondial, avec 14 marques (Peugeot, Fiat, Chrysler, Maserati, etc.) .
Et ce n’était pas gagné lors de sa nomination en 2014. Alors au bord du gouffre, PSA Peugeot-Citroën se redressait sous ses ordres avec une baisse des coûts jugée brutale par ses détracteurs. Et deux opérations majeures, le rachat d’Opel puis la fusion avec Fiat-Chrysler, avaient fait de Stellantis l’un des plus grands constructeurs automobiles mondiaux.
La valeur du groupe créé en janvier 2021 a ensuite doublé en trois ans, le titre Stellantis passant de 12,50 euros à sa création à près de 27 euros en mars 2024. En un semestre seulement, le retournement a été brutal, l’action étant revenue à son niveau initial. niveau le 29 novembre.
Ce lundi, après l’annonce du départ de Carlos Tavares, l’action a accentué sa perte (-7%) aux alentours de 11,50 euros.
En six mois, l’action Stellantis a perdu plus de la moitié de sa valeur, repassant en dessous du niveau de son lancement en janvier 2021.
Pourquoi un tel déclin, et si soudain ? Il y a bien sûr des éléments liés aux inquiétudes du secteur face à la concurrence chinoise sur les véhicules électriques ou aux craintes liées au retour de Donald Trump au pouvoir et à ses droits de douane exorbitants. Mais Stellantis a connu des problèmes plus spécifiques (des problèmes électroniques ont retardé le lancement de plusieurs nouveaux modèles) qui ont entraîné une baisse des ventes de plus de 20 % au troisième trimestre.
Symbole de cette crise, des ventes sur le marché nord-américain qui ont chuté de 36 % avec des couacs pour les marques Dodge, Jeep et RAM. Avec des véhicules à la qualité critiquée et des prix jugés trop élevés, Stellantis a alors perdu son « cash machine », obligeant Carlos Tavares à revoir à la baisse son sacré objectif de marge opérationnelle à « deux chiffres » pour l’année 2024.
Les syndicats craignent une « crise majeure »
Socialement aussi, le groupe était confronté à des questions. La baisse de production dans de nombreuses usines n’a pas manqué d’inquiéter, comme en Italie, siège de Fiat, où des milliers de manifestants ont réclamé des comptes à la mi-octobre. Le gouvernement de Giorgia Meloni reproche au constructeur de délocaliser sa production vers des pays à bas coûts, au détriment des usines italiennes. En Grande-Bretagne, l’usine Vauxhall de Luton a été condamnée, mettant dans le doute 1 100 personnes. En France, la direction du groupe a assuré la semaine dernière qu’aucune fermeture d’usine n’était prévue à court terme malgré une baisse attendue de la production.
Mais aucun discours récent n’a ramené la sérénité. Ce n’est pas le départ précipité de Carlos Tavares qui y contribuera. “L’annonce soudaine (…), combinée à la mise en place d’un comité exécutif provisoire sans leadership fort, expose dangereusement le groupe à une crise majeure”craint Philippe Diogo, délégué syndical central FO du groupe.
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