La cathédrale Notre-Dame de Paris, qui doit rouvrir progressivement ses portes à partir de la semaine du 2 décembre, est un grand livre de pierres : entrer dans le mystère des lieux, c’est apprendre à lire. De 1163, date du début de la construction, jusqu’à son ouverture en 1345, des centaines d’artisans anonymes ont travaillé sur le chantier, sachant qu’ils ne verraient pas le monument achevé. Ils ont laissé dans la pierre un message symbolique qui nous était destiné.
L’art au Moyen Âge n’est pas un pur plaisir esthétique mais une éducation ouvrant le visiteur à une réalité spirituelle. Une cathédrale est un guide destiné à nous transformer. Marcher à sa rencontre nécessite, pour en goûter la profondeur, de devenir pèlerin. Parce qu’une cathédrale est un espace sacré. Telle une antenne plantée dans le sol, elle transmet le langage céleste.
Quand on regarde Notre-Dame de Paris, devant la façade on se retrouve face à une énigme. Des dizaines de statues peuplent ses murs. Y a-t-il un lien entre eux ? Entre le haut et le bas, se répondent-ils ? Et si tout ce programme avait un sens ? Nous voulons savoir. Les hommes médiévaux connaissaient le langage symbolique. Ils virent dans les arbres d’une forêt une voûte d’église, dans la mer en mouvement, un signe du monde matériel dans lequel on peut se noyer et dans l’eau des sources un élément de purification. Le langage de la cathédrale était donc compris et ses paroles transformaient l’âme du visiteur.
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Ce langage reste à notre portée. Et les nouveaux travaux, qui étaient essentiellement une restauration des lieux, nous invitent aujourd’hui à redécouvrir le message de Notre-Dame. Contacté, Pascal Prunet, l’un des architectes du site, parle avec admiration du « prouesses des bâtisseurs du Moyen Âge, notamment pour l’élévation des voûtes, que l’équipe actuelle s’est attachée à reconstruire à l’identique ».
Le grand monument est vertical : symboliquement, il s’élève, il montre une direction, celle du ciel, nous invitant à tourner notre regard vers le haut. La forme d’une église ou d’une cathédrale, au Moyen Âge, est une image du corps du Christ. La nef représente ses jambes et les portes d’entrée, ses pieds percés. Le transept (nef transversale qui coupe à angle droit la nef principale) montre les bras tendus. Au fond, l’abside semi-circulaire, avec ses chapelles en forme d’étoile, en constitue la tête, avec la couronne d’épines. Et le chœur est le signe de son sacré cœur.
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