Par
Samuel Sauneuf
Publié le
1 décembre 2024 à 7h47
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Le hasard prête parfois à confusion. Il y a quelques jours à peine, nous discutions avec René Couanau. A l’approche des fêtes de fin d’année, il était prévu que l’ancien adjoint au maire de Saint-Malo prenne la parole dans nos colonnes. Qu’il partage avec vous son ressenti sur l’évolution de la société en général et de Saint-Malo en particulier. Nous avions hâte de remettre notre micro à cet érudit, avec l’espoir qu’il laisse sa pudeur dans sa poche pour nous livrer le fond de sa pensée. Loin d’imaginer le pire, nous avons pensé lui demander ce qu’il aurait aimé que les Malouins retiennent de lui…
Le roi René
Le destin en a donc décidé autrement. Cet entretien n’aura jamais lieu. René Couanau est décédé samedi 30 novembre 2024, à l’âge de 88 ans. C’est Gilles Lurton, celui qui lui a succédé sur les bancs de l’Assemblée nationale (dont il fut député pendant 23 ans) puis un peu plus tard à la ville. Hall, qui était chargé de répandre la triste nouvelle avec l’accord familial.
René Couanau était hospitalisé depuis deux jours. Les raisons exactes de sa mort ne sont pas encore connues. L’âge semblait s’être mêlé à une vilaine bactérie qui ne laissait aucune chance à celui qu’on appelait aussi « Roi René » en territoire corsaire.
«Le premier grand geste écologique»
Avec sa disparition, se referme un très vaste chapitre de l’histoire de Saint-Malo. René Couanau à la mairie, c’est un quart de siècle dans le destin de la ville. De 1989 à 2014. Ce sont des réalisations que nous voyons chaque jour sous nos yeux. La médiathèque, c’est lui, la gare TGV aussi.
Il s’agit du quartier rénové de La Découverte. Il s’agit de l’eau « municipalisée » de la Malouine et du domaine de La Briantais. C’est, de manière moins visible, « le premier geste écologique majeur des 50 dernières années à Saint-Malo », dit lui-même René Couanau avec de gigantesques travaux souterrains pour mettre fin à la pollution des plages par les canalisations…
L’homme libre
Par son œuvre, ce Servannais aura marqué l’histoire de Saint-Malo. Avec son tempérament et son charisme, il lui a donné vie. Il avait l’éloquence et l’intelligence des plus grands et n’aurait sans doute pas été à la tête d’un ministère (ce qu’il aurait pu ou dû connaître, sans la féroce concurrence brétilienne incarnée par Pierre Méhaignerie et Alain Madelin)
Évoquer René Couanau, c’est aussi rappeler la liberté qu’il a fini par retrouver en claquant la porte de l’UMP en 2011 pour s’asseoir sur le banc des non-inscrits au Palais Bourbon. Il fallait à l’époque un certain courage pour tourner le dos à son propre camp, alors incarné et dirigé par le président Sarkozy.
Quand l’histoire se répète
Remonter les années Couanau, c’est aussi se remémorer des joutes verbales mémorables au conseil municipal, avec une réplique et un ton parfois si dur qu’un de ses adversaires a même essuyé quelques larmes…
Il a quitté cette scène politique, un peu à la surprise générale, après avoir été battu par son ancien adjoint Claude Renoult, en 2014. Un combat de trop pour une défaite qu’il n’avait pas digérée. L’histoire s’était étrangement répétée et avait pris sa revanche : 25 ans plus tôt, c’était René Couanau, alors premier adjoint, qui avait quitté Marcel Planchet pour mener une liste avec son fidèle ami politique Henri-Jean Lebeau.
Un bouillon de culture
Mais s’il ne fallait retenir qu’une chose, c’est sans doute l’importance de la culture et de l’éducation aux yeux de cet ancien directeur de cabinet ministériel et inspecteur général de l’Éducation nationale à Paris et qui, de retour dans sa ville natale, est devenu le champion d’un droit social, proche du peuple. Il pouvait encore entretenir cette proximité entre deux caddies, dans une allée de supermarché, avec celui qui s’approchait de lui pour échanger quelques mots.
En revanche, c’était très risqué de s’aventurer dans le domaine du savoir et du savoir avec ce diplômé de l’Ena qui avait cofondé le festival Étonnants Voyageurs. René Couanau était une Source de culture et rappelait qu’il n’y a « pas de pire pauvreté que l’ignorance ». En espérant que les Malouins n’ignorent plus qu’avec la disparition de René Couanau ils ont perdu l’un des plus grands serviteurs malouins.
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