« Soyez fier de vous ! » » C’est par cette adresse à Karen
que Me Fabian Lahaie, son avocat, a terminé sa plaidoirie ce vendredi après-midi. Depuis 2020, il est le conseil de cette femme, « seule contre tous, montrée du doigt », qui disait à l’expert psychologue : « Est-ce que je vais être prise pour une folle ? »
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« Nous sommes avant tout un objet avec M. Laz ! »
Il choisit l’image d’un puzzle pour scanner ce dossier. Premier morceau, la violence. Karen en avait raconté quelques-unes. « L’enquête en révélera d’autres, qu’elle a sortis de sa tête, dans un état dissociatif. » Deuxième pièce : le proxénétisme. « À qui profite-t-il ? », balaie-t-il. Quant aux faits de viol, l’avocat rappelle la marque de traumatisme sur les parties génitales de Karen, objectivée par un médecin. Il revient également sur l’enregistrement audio diffusé jeudi. « Elle a dit : ‘Arrête, arrête, je ne veux pas aller plus loin’. Sommes-nous témoins d’une tentative de viol ou d’abus sexuels ? Une chose est sûre : nous sommes avant tout un objet avec Monsieur Laz ! »
« Il tente sa chance ! » »
Stéphane Cantero, avocat général, est en colère. Ce procès en appel ? « Éric Laz revient en disant : ‘Je suis un homme violent et j’avoue avoir prostitué ma compagne”. En revanche, il avait le choix de reconnaître le viol mais sa personnalité le lui interdisait. Il tente sa chance devant les jurés de Loire-Atlantique ! » Il fait appel à leur raison. Avec la violence habituelle et avouée, « le foyer devient un piège ».
“Tu vas dire à Karen : ‘Ça y est, c’est fini'”
Dans ce foyer-piège, « les violences étaient aussi sexuelles, bien sûr ! « . Il met en avant le certificat médical qui mentionne le traumatisme des organes génitaux de Karen et le deuxième enregistrement audio. Il regarde l’accusé : « Elle supplie, elle pleure, elle dit stop… ». Stéphane Cantero s’adresse désormais aux jurés : “Vous allez dire à Karen : ‘Ça y est, c’est fini'”. Il demande le retrait définitif de l’autorité parentale d’Eric Laz et quinze à seize ans d’emprisonnement.
Les relations sexuelles consensuelles peuvent faire mal.
Dure tâche pour Mes Thierry Fillon et Cécile de Oliveira, en défense. L’avocat rennais commence par déplorer une « exécution » médiatique de son client, un stratagème qu’il avait déjà utilisé lors du premier procès. Éric Laz serait, à l’écouter, « parfaitement conscient » des violences. Du proxénétisme ? « Il a dit : ‘J’en ai profité.’ Nous ne faisons pas mieux en termes de reconnaissance factuelle. » Reste les viols. « Qu’est-ce qui permet de dire qu’ils ont existé ou non ? Le seul mot de Karen ! » Quant à la cicatrice périnéale. « Ce n’est pas incompatible, mais cela ne démontre rien ! Les relations sexuelles consensuelles peuvent faire mal. » Il réclame l’acquittement des accusations de viol.
« Ne méprisez pas cette évolution ! »
Me Cécile de Oliveira prend le relais pour dire « (sa) perception d’un homme brisé, à l’enfance déstructurée. Cette rage d’un enfant mal-aimé a endommagé Karen. Mais la question de l’autorité parentale ne devrait pas, selon elle, être tranchée par le tribunal. Quant aux 15 à 16 ans requis, elle les oppose à « l’évolution possible » détectée par l’expert-psychiatre. « Ne méprisez pas cette évolution ! », exhorte-t-elle les jurés. C’est Karen qu’ils ont cru : Éric Laz a été condamné à 14 ans de prison. A sa sortie, il devra se soumettre à cinq ans de suivi socio-judiciaire. Il lui est interdit d’avoir des contacts avec Karen. Son autorité parentale lui est retirée.
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