Les combats dans le nord de la Syrie entre les forces du régime et les jihadistes, qui ont lancé mercredi une offensive contre les territoires contrôlés par le gouvernement, ont fait plus de 200 morts, selon un nouveau bilan fourni jeudi 28 novembre par l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Il s’agit de 102 combattants jihadistes de Hayat Tahrir Al-Cham (ou HTC, « Organisation de libération du Levant »), 19 membres de groupes alliés, et « 61 membres des forces du régime »selon l’organisation non gouvernementale (ONG) basée à Londres et qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie. Des civils figurent parmi les morts : 19 ont été tués jeudi dans des frappes de l’armée de l’air russe, alliée du régime syrien, ajoute l’Observatoire, précisant qu’un civil avait été tué par des bombardements de l’armée syrienne la veille.
Il s’agit des affrontements les plus violents depuis 2020 dans le nord-ouest de la Syrie, où la province d’Alep, en grande partie aux mains du régime de Bachar Al-Assad, borde le dernier grand bastion rebelle et jihadiste d’Idlib. .
Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a rapporté que « Plus de 14 000 personnes – dont près de la moitié sont des enfants – ont été déplacées » à cause des violences. Le ministère syrien de la Défense a déclaré qu’il était confronté à un problème « vaste attaque » de la « organisations terroristes » dans la région d’Alep.
La route reliant Damas à Alep coupée
Kioumars Pourhashemi, général des Gardiens de la révolution iraniens, a également été tué, selon une agence de presse iranienne. L’Iran est un allié indéfectible de la Syrie, pays dans lequel Téhéran est impliqué militairement, envoyant des conseillers, à la demande des autorités locales, pour soutenir le président Bashar Al-Assad pendant la guerre civile syrienne.
Le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaeil Baghaei, a estimé jeudi que l’offensive en cours était “fait partie d’un plan diabolique du régime terroriste [Israël] et les États-Unis »et a appelé à « une action ferme et coordonnée pour empêcher la propagation du terrorisme dans la région ».
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Les jihadistes et leurs alliés ont coupé jeudi la route vitale reliant la capitale Damas à Alep, la deuxième ville du pays, selon l’OSDH. Ils ont également pris le contrôle du carrefour routier entre Alep et la ville côtière de Lattaquié, selon la même Source. L’ONG a fait état de villages conquis par les jihadistes dans l’ouest de la province d’Alep et dans un secteur contrôlé par le gouvernement de la province d’Idlib.
En plus des tirs de roquettes et « tirs d’artillerie intenses », « L’aviation russe »agissant en soutien au régime, « intensifié ses frappes aériennes »visant notamment les environs de Sarmine, dans la région d’Idlib, selon l’OSDH.
Les affrontements les plus violents depuis 2020
HTS, dominé par l’ancienne branche syrienne d’Al-Qaïda, contrôle une partie de la province d’Idlib, mais aussi les territoires voisins dans les régions d’Alep, Hama et Lattaquié. Lors d’une conférence de presse, le chef du « gouvernement » autoproclamé d’Idlib, Mohammad Al-Bashir, a affirmé que l’offensive avait été lancée. « parce que le régime criminel avait massé ses forces sur les lignes de front et commencé à bombarder les zones civiles, ce qui a provoqué l’exode de dizaines de milliers de civils ».
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L’analyste Nick Heras du New Lines Institute for Strategy and Policy croit aux rebelles « a tenté d’anticiper la possibilité d’une campagne militaire syrienne dans la région d’Alep, préparée par des frappes aériennes des gouvernements russe et syrien ».
Le nord de la Syrie a bénéficié d’un calme précaire ces dernières années, rendu possible par un cessez-le-feu instauré après une offensive du régime en mars 2020. La trêve a été parrainée par Moscou et Ankara, le gouvernement turc soutenant certains groupes. Rebelles syriens à sa frontière. Dans le même temps, la Turquie « envoie un message à Damas et à Moscou pour qu’ils renoncent à leurs efforts militaires dans le nord-ouest de la Syrie »a ajouté l’analyste.
Le régime syrien a repris le contrôle d’une grande partie du pays avec le soutien de ses alliés russe et iranien depuis le déclenchement en 2011 du conflit qui a fait plus d’un demi-million de morts et déplacé des millions de personnes. .
Où en est la guerre en Syrie aujourd’hui ? Comprendre en trois minutes
Comme la Tunisie, la Libye ou l’Égypte, la Syrie fait en 2011 partie des pays dont le pouvoir autoritaire a été déstabilisé par le « printemps arabe ». La dictature du clan Bachar Al-Assad, au pouvoir depuis les années 1970, réprime dans le sang les manifestations pacifiques menées par une partie de la population syrienne pour réclamer plus de liberté.
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Dans la foulée, de nombreux soldats ont fait défection et ont créé l’Armée syrienne libre (ASL), qui est devenue la principale composante des rebelles déterminés à prendre les armes pour renverser le régime.
Dans les années qui suivent, l’opposition à Bachar Al-Assad gagne du terrain, conquérant d’importantes villes du territoire. Au conflit politique s’ajoute le conflit religieux et ethnique, car les rebelles sont un groupe hétérogène, composé de milices d’opposants au régime, de minorités religieuses et ethniques comme les Kurdes, ainsi que de groupes islamistes radicaux, comme l’organisation État islamique. (EST). Celui-ci profitera de l’instabilité pour conquérir un territoire important. La montée du groupe islamiste finira par convaincre les puissances étrangères d’intervenir dans le conflit.
En 2019, l’Etat islamique a été vaincu en Syrie et le régime de Bachar Al-Assad a reconquis les deux tiers du territoire. L’opposition est rassemblée dans la province du nord-ouest du pays. Depuis, les lignes de front sont gelées.
Dans cette vidéo, nous revenons sur les moments majeurs du conflit syrien jusqu’à la situation actuelle. A ce jour, on estime que la guerre a fait plus de 500 000 morts. Pour mieux comprendre à quoi ressemble la vie en Syrie aujourd’hui, nous vous invitons à lire le reportage ci-dessous.
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