L’auteur franco-algérien, arrêté et détenu en Algérie, devait tenir une conférence ce jeudi soir à Nice. Une cérémonie pour exiger sa libération a eu lieu à la place.
Personnalités et élus se sont réunis jeudi soir à Nice (Alpes-Maritimes), à la Villa Masséna, pour soutenir l’auteur franco-algérien Boualem Sansal, arrêté et détenu en Algérie depuis le 16 novembre. conférence sur ses œuvres, notamment sa dernière, Vivre (Gallimard), puis participer au « forum culture et transition écologique pour une Méditerranée durable », qui se tient jusqu’à vendredi dans la capitale azuréenne.
Le maire de Nice Christian Estrosi (Horizons), qui avait déjà exprimé de vives critiques sur son arrestation comme de nombreux autres élus, a décidé de le nommer « citoyen d’honneur de la ville ». Une distinction symbolique pour Boualem Sansal, qui était l’an dernier président d’honneur du Festival du livre de Nice. Un peu plus tôt dans la matinée, lors du conseil métropolitain, une motion demandant que tout soit fait pour sa libération a été votée à l’unanimité par les élus de l’assemblée, toutes couleurs politiques confondues.
Quatre lettres de soutien écrites par les auteurs Irène Frain, Laurent Seksik, Didier van Cauwelaert et l’éditorialiste Franz-Olivier Giesbert ont été lues jeudi soir devant une centaine de personnes dont des représentants des religions locales et la petite-fille d’Albert Camus.
“Ambassadeur”
« Pourquoi le Quai d’Orsay ne le nommerait-il pas ambassadeur ? Nous pouvons rêver. Il faut rêver quand il s’agit de désarmer une réalité insupportable”en a avancé l’idée dans sa missive l’écrivain français Didier van Cauwelaert, évoquant également la volonté de son ami l’académicien Jean-Christophe Rufin (Goncourt 1997) d’élire Boualem Sansal par une procédure d’urgence à l’Académie française.
“Tu aurais dû être avec nous pour parler de ce dont tu rêves mais c’est une photo que je dois aborder”a regretté Christian Estrosi, parlant d’un « esprit libre », “une si belle personnalité”et un « homme libre […] arrêté pour un malentendu sur un passé qui ne passe jamais ». “C’est une nouvelle qui nous révolte”a ajouté l’édile, dénonçant “fanatisme”.
Lire aussi
L’appel des trente lauréats du grand prix de l’Académie française pour Boualem Sansal : “On ne conçoit pas qu’un écrivain soit arrêté”
L’auteur de 75 ans, né en Algérie et qui a obtenu la nationalité française cette année, a fait appel de sa détention pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ». L’écrivain est connu pour sa libre critique du régime algérien à travers ses romans et ses discours, mais son arrestation à son arrivée dans le pays apparaît comme le signe des relations diplomatiques plus que tendues entre Paris et le pouvoir algérien. Boualem Sansal est placé sous mandat de dépôt dans une unité pénitentiaire d’un hôpital d’Alger, dans l’attente de l’étude de son appel par la chambre d’accusation, qui dispose de 21 jours.