C’est grâce au mannequinat que Camille Razat s’est propulsée sur le devant de la scène avant de faire ses premiers pas d’actrice à la télévision dans la série Disparu sur France 2. Elle passe ensuite au théâtre avant de se révéler à travers le monde à travers la série Netflix Emilie à Paris dans lequel elle incarne Camille. Un rôle qui lui permet de devenir l’ambassadrice d’une grande marque d’un groupe leader dans le domaine de la beauté. Durant deux ans, elle crée sa société de production dans un élan d’indépendance, un acte très important pour elle. Aujourd’hui, elle joue dans le film Prodigieux de Frédéric et Valentin Potier. Un film inspiré de l’histoire vraie des jumelles Audrey et Diane Pleynet, rebaptisées les sœurs Vallois.
franceinfo : Dans Prodigieuxvous jouez le rôle de Claire Vallois. Des deux, elle est la plus rebelle. Racontez-nous le parcours de ces sœurs. Ils ont vécu un parcours extraordinaire.
Camille Razat: Assez. Audrey et Jeanne Pleynet étaient en passe de devenir d’immenses pianistes à travers le monde. Et puis finalement, la vie les a rattrapés. Ils souffraient de cette maladie qui est encore incurable aujourd’hui. Pour vous donner une idée, avec cette maladie orpheline, à 20 ans, ils ont les os d’un homme de 75 ans donc c’est extrêmement limitant pour leur carrière. Malgré tout, ils persistent. Ils se disent : «on n’est peut-être pas les meilleurs, mais en tout cas, c’est notre passion, on ne peut pas vivre sans» et ainsi ils persévéreront et développeront une technique à quatre mains où ils partagent les partitions, et dont eux seuls ont le secret.
Le plus fou, c’est que leur père les a vraiment poussés, au point, parfois, qu’ils en étaient presque dégoûtés. C’est ce qui est au cœur du film. Et en même temps, cette transmission, cet abnégation donné et obligé à travers le père, va leur permettre de devenir aussi forts et de développer cette technique plus tard.
Oui, c’est très vrai. En effet le père est très lent et il y a une sorte de jeu de miroir, c’est à dire qu’il s’accomplit grâce à eux car lui-même a été un grand apnéiste. En effet, il s’est blessé et n’a pas pu assouvir sa passion en étant le meilleur dans sa discipline et donc il transmet un peu cela à ses filles. Finalement, cela reste sur un côté bienveillant, même s’il est vrai qu’il est très lent, mais c’est ce qui les a aussi rendus forts mentalement et leur a permis de surmonter la maladie et de pouvoir quand même être de grands pianistes.
Enfant, que vous ont transmis vos parents ?
C’est drôle parce que mon père n’était pas si tyrannique non plus, mais il était assez lent en matière de sport aussi. J’étais plutôt bon, alors il m’a poussé et ma mère m’a emmené partout. J’ai donc beaucoup de miroirs dans ce film. Le dépassement de soi est quelque chose qui me parle. La passion aussi, je suis une personne très passionnée lorsque j’entreprend quelque chose.
« Ma force motrice, c’est la passion… Et la peur. Je vais là où j’ai peur parce que je me dis que c’est là que je dois aller.
Camille Razatsur franceinfo
N’êtes-vous pas parfois un peu trop perfectionniste ?
Oui, tout à fait, je suis très perfectionniste.
Ce que je veux dire, c’est que lorsqu’on est perfectionniste, on oublie parfois de se faire du bien. Êtes-vous capable de profiter des moments?
C’est aussi pour cela que j’ai créé ma société de production, car j’avais besoin d’entretenir la flamme, la passion, mais dans quelque chose de sain et de collectif. Le métier que je fais : être actrice, c’est encore attendre que son téléphone sonne, etc. Donc, au final, c’est assez solitaire. Et j’aime tellement la dimension collective que c’est pour ça que j’ai créé Tazar, et ça alimente la passion. Et là, on commence à raconter des histoires qu’on a très envie de raconter et avec des gens qu’on aime.
N’est-ce pas aussi une question de choix ?
Si c’est une question de choix.
« Les « non » sont plus importants que les « oui » et je dis souvent « non ».
Camille Razatsur franceinfo
Est-ce précisément pour Emilie à Parisétait-il évident qu’il fallait dire « oui » ?
Verser Émilieil y avait quand même quelque chose où dès le début, je savais que c’était Darren Star, le créateur de Le sexe et la ville, Beverly Hills 90210. C’était très impressionnant parce que j’adorais ces séries et je me disais : ça va forcément avoir un impact à un endroit, mais je n’imaginais pas du tout cette chose. Maintenant, je crois beaucoup au destin et au karma. Et c’est vrai que le personnage s’appelait Camille et mon deuxième prénom est Émilie. Alors quand même, je me suis bien dit, il y a des petits signes qui montrent que potentiellement je devrais l’accepter et ensuite être accepté, surtout qu’il y a eu beaucoup de passages d’audition.
La première fois que vous êtes apparu, c’était dans Disparu sur France 2, vous incarniez le rôle de la femme disparue. Et à bien y regarder, il fallait disparaître pour naître. Il y a quand même quelque chose qui interpelle. Avez-vous toujours ressenti cela ?
Je ne sais pas. Quand j’étais plus jeune, c’était peut-être stupide, mais j’avais toujours l’impression que quelque chose m’attendait. Au début, je pensais que ce serait dans le mannequinat puis très vite, j’ai compris que je n’allais pas être contente à 100% car les choses intellectuelles me manquaient au bout d’un moment. Je savais que je devais m’ouvrir à d’autres choses. Au début, c’était du journalisme, c’était beaucoup de choses. J’ai toujours été passionné par beaucoup de choses, la photographie, la mode, les jeux vidéo. J’ai toujours pensé que oui, je pouvais faire un travail d’image, mais c’était inconscient.
Prodigieux est actuellement au cinéma. C’est un film sur l’espoir et sur le fait qu’il ne faut jamais abandonner.
Oui et c’est aussi un film grand public, vraiment. Lors des multiples avant-premières, le public était âgé de 7 à 75 ans, voire plus. C’était très sympa. C’est vraiment un film familial qui est effectivement un beau message dans une société où on nous demande toujours d’être en compétition et parmi les meilleurs. Ça fait du bien de faire les choses uniquement par passion.