Le dirigeant pro-russe de l’Abkhazie, région séparatiste de Géorgie, a présenté mardi 19 novembre au matin sa démission. Elle était réclamée par des manifestants opposés à un accord économique avec Moscou. « Afin de maintenir la stabilité et l’ordre constitutionnel dans le pays (…) je démissionne du poste de Président de la République d’Abkhazie »a écrit Aslan Bjania dans une lettre adressée mardi au président du Parlement et partagée par son service de presse.
L’Abkhazie, petite région située entre les montagnes du Caucase et les rives de la mer Noire, a déclaré unilatéralement son indépendance en 1992, reconnue par Moscou contrairement à la quasi-totalité de la communauté internationale. Vendredi, des manifestants ont réussi à pénétrer dans le Parlement et dans un bâtiment de l’administration présidentielle pour empêcher la ratification d’un accord autorisant les entreprises russes à investir en Abkhazie. Ils ont notamment exigé la démission d’Aslan Bjania.
Selon l’accord trouvé mardi entre le gouvernement et l’opposition et communiqué par la présidence abkhaze, la démission du président est conditionnée au départ des manifestants présents dans les bâtiments gouvernementaux. Les manifestants ont quitté mardi matin la place face à l’administration présidentielle abkhaze, selon l’agence de presse russe Ria Novosti. Aux termes de l’accord, le vice-président abkhaze Badra Gunba assurera la présidence par intérim avant les prochaines élections, qui, selon l’agence d’État russe Tass, citant le président du parlement local, auront lieu plus tôt.
Moscou exprime sa « préoccupation »
Une dizaine de personnes ont été blessées lors de la manifestation de vendredi. L’opposition craint que l’accord économique signé fin octobre avec Moscou n’ouvre la voie aux Russes pour acquérir des appartements en Abkhazie, dans les nombreuses villes balnéaires de la côte de la mer Noire. La vente de biens immobiliers résidentiels à des étrangers a été interdite en 1995 en Abkhazie, peuplée d’environ 240 000 habitants. Le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré “préoccupation” face à ces tensions, et a regretté que l’opposition n’ait pas « il n’a pas été jugé possible de résoudre ses différends avec le pouvoir légitime du pays à travers un dialogue civilisé et respectueux ».
Au terme d’une brève guerre qui a vu son armée pénétrer sur le territoire géorgien en 2008, Moscou a reconnu l’indépendance de deux régions séparatistes limitrophes de son territoire, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. La Russie y maintient depuis une présence militaire. L’Abkhazie a déclaré unilatéralement son indépendance de la Géorgie après la chute de l’URSS et l’a défendue lors d’une guerre contre les forces géorgiennes au début des années 1990, avec le soutien officieux de Moscou.