La Russie veut-elle aller trop vite, trop loin en Abkhazie ? Cette région séparatiste pro-russe de Géorgie est secouée depuis plusieurs jours par des manifestations pour empêcher la ratification d’un accord permettant aux entreprises russes d’investir sur ce territoire situé entre la mer Noire et les montagnes du Caucase.
Vendredi 15 novembre, des centaines de manifestants ont pris d’assaut le Parlement et un bâtiment l’administration présidentielle, à Soukhoumi, la capitale. Les manifestants réclamaient la démission du président de cet Etat autoproclamé, Aslan Bjania. La police a répondu en tirant des gaz lacrymogènes, une première. Au moins 13 personnes ont été blessées.
Dimanche 17 novembre, un homme politique de premier plan, Temur Gulia, a affirmé que l’opposition formerait un gouvernement rival si Aslan Bjania, président depuis avril 2020, refusait de quitter le pouvoir. Il s’est dit prêt à démissionner temporairement et à organiser des élections anticipées, tout en qualifiant les manifestations de « tentative de coup d’État ». La veille, il avait dit accepter de démissionner à condition que les manifestants quittent les lieux. Les dirigeants de l’opposition ont rejeté l’appel, affirmant qu’ils n’accepteraient que sa démission sans condition, et ont appelé à de nouvelles manifestations.
Dans un communiqué publié samedi, le conseil de coordination de l’opposition estime que« Aslan Bjania recourt à des tentatives désespérées pour préserver son gouvernement »plus que “son règne est terminé”. Le dirigeant est accusé de« enrichissez votre famille et un cercle restreint de proches ».
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Plusieurs chaînes Telegram ont rapporté qu’Aslan Bjania avait accepté de démissionner, mais plus tard dans la journée, il s’est adressé à ses partisans depuis son village natal de Tamishi, à environ 40 kilomètres de Soukhoumi, où il aurait été escorté avec l’aide d’une unité militaire russe. « Je vous demande de ne pas céder aux provocationsdit-il. Je suis ici, en Abkhazie, et nous continuerons à travailler. »
L’accord, signé fin octobre, permettrait aux Russes d’acheter des appartements en Abkhazie, dans les nombreuses stations balnéaires de la côte de la mer Noire. Or, la vente de biens immobiliers résidentiels à des étrangers est interdite depuis 1995 dans ce territoire séparatiste. L’accord, signé par le ministre russe de l’Économie, Maxim Reshetnikov, et son homologue abkhaze, Kristina Ozgan, ne pourra entrer en vigueur que s’il est ratifié par le Parlement.
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