Un moment dont il se souviendra longtemps. Un pêcheur amateur toulonnais a eu la chance d’observer puis de filmer un grand requin blanc début novembre alors qu’il se dirigeait vers Porquerolles (Var) pour une partie de pêche en solo. Plus précisément, il a aperçu le héros des « Dents de la mer » dans les eaux du parc national de Port-Cros, à l’est de Porquerolles, à 600 m au large de la pointe du Sarranier, vers 11 heures.
Une rencontre insolite, comme nous l’explique Nicolas Ziani, responsable scientifique du groupe d’étude des requins phocéens. « Ce signalement de requin est une observation rare. C’est la deuxième depuis septembre 2022, où une femelle avait été repérée en Camargue.
794 requins blancs en Méditerranée
Pourtant, les grands requins blancs sont bel et bien présents en Méditerranée. « Nous avons dénombré à ce jour 794 requins blancs en mer Méditerranée », précise-t-il, rappelant qu’il ne s’agit que d’estimations. Selon lui, ils sont répartis dans toute la Méditerranée, mais se trouvent le plus souvent dans le bassin nord-ouest et le bassin central. « C’est vrai que la majorité des observations sont faites dans le bassin nord-ouest, mais pas ici. Plutôt vers la Sardaigne et les Baléares », explique Nicolas Ziani.
Si on les observe donc dans des eaux plus chaudes, ce n’est pas spécialement pour ces raisons qu’on les retrouve à ces endroits, si l’on en croit le scientifique. « Ce n’est pas seulement la chaleur. Il s’agit plutôt d’un environnement favorable, c’est-à-dire dans des milieux riches et densément peuplés », explique-t-il.
C’est pourquoi il s’agit d’une « très bonne nouvelle écologique, au-delà de cette information sensationnelle », selon Nicolas Ziani. « Le grand requin blanc signifie que nous sommes au sommet de la chaîne alimentaire. Il a été observé à deux reprises dans des zones sous protection, c’est donc un bon indicateur du système de protection et de reconstruction. Le requin blanc, qui est le le plus grand prédateurva intervenir sur toutes les populations pour équilibrer, c’est son rôle », explique l’expert requin du Phocaean Shark Study Group.
Un requin qui choisit ses zones
“C’est une superbe nouvelle pour cette espèce classée en danger critique d’extinction et ayant quasiment disparu de la Méditerranée”, se réjouit Matthieu Lapinski, président de l’association Ailerons. En effet, comme le souligne l’ONG Emergences, « de 1989 à 1998, 85 observations ont été enregistrées, et seulement 46 entre 1999 à 2008 », soit une baisse de 45 %.
Si l’espèce est en voie d’extinction, ces rares observations s’expliquent aussi par le fait que le grand requin blanc est sélectif. « C’est un animal qui choisit les endroits où il va. Contrairement au requin bleu, qui est curieux et va chercher partout, le requin blanc se dirige vers des endroits plus déserts, plus abondants en nourriture, et tente d’éviter les humains. Les interactions sont rares », conclut Nicolas Ziani.