Les syndicats de la SNCF appellent à une grève illimitée à partir du 11 décembre, dix jours avant les vacances de Noël. Avec, comme principal motif de colère, le démantèlement de la branche fret. De quoi, pour les usagers, raviver de mauvais souvenirs de 2022, où les TGV avaient été annulés par centaines pendant les vacances. Et entretenir l’image des cheminots utilisant systématiquement la menace de Noël pour obtenir gain de cause (cette année-là, ils obtinrent de belles augmentations de salaire). Pour Stéphane Sirot, historien spécialiste des mouvements sociaux, cela ne fait aucun doute : « La période des vacances est un bon moment pour exercer une pression maximale sur la direction. » Mais, souligne-t-il sur France 24, à propos des trains qui s’arrêtent à ce moment-là, « ce n’est pas quelque chose de traditionnel ». Entre fin 2019 et début 2020, la compagnie a certainement connu le plus long conflit social depuis sa création (contre le système universel de retraite par points). Mais avant cela, il a fallu remonter à 1986 pour retrouver les traces d’une grève massive à la SNCF, à Noël.
La probabilité que nous soyons en grève à Noël n’est même pas de 1 % !
Les syndicats semblent en effet préoccupés par leurs relations avec l’opinion publique. En témoigne leur communication actuelle : « La probabilité que nous soyons en grève à Noël n’est même pas de 1% », estime Fabien Villedieu, secrétaire fédéral de Sud-Rail, à franceinfo. « Si, le 11 décembre, la grève est suivie, dans quatre jours, elle sera terminée et nous aurons gagné. Si, le 11 décembre, la grève n’est pas suivie, dans trois jours, nous aurons repris le travail», assure-t-il.
Même promesse de la FNSEA
Cette promesse de ne pas prendre Noël en otage n’est pas sans rappeler celle faite par le syndicat agricole FNSEA. Elle pourrait cependant buter sur un élément : à l’heure des vacances, les mouvements sociaux viennent, la plupart du temps, de la base (en 2022, un collectif de contrôleurs né sur les réseaux sociaux). Une base peu sensible à l’exaspération qu’elle peut provoquer chez les utilisateurs. D’où une revendication croissante : celle d’interdire la grève dans les transports publics pendant les vacances. Certains pays, comme l’Italie, le font déjà. Selon un sondage de l’institut CSA pour Le JDD, Europe 1 et CNews, 62% des Français y sont favorables. Ce souhait est particulièrement fort chez les électeurs de droite (89%) et chez les partisans d’Emmanuel Macron (83%). Mais elle est également partagée par 40 % des électeurs de La France insoumise. Signe que la grève de Noël n’est vraiment pas populaire.
Réglementer le droit de grève dans les transports n’est pas pertinent
Le projet de loi en ce sens, voté au Sénat au printemps dernier, sera-t-il repris par le gouvernement ? Certains en son sein, comme le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, y sont favorables. “Encadrer le droit de grève dans les transports n’est pas d’actualité”, informe toutefois RMC de l’entourage du ministre des Transports, François Durovray (LR, également). Avec la volonté évidente de ne pas jeter de l’huile sur le feu, à l’approche de la « grève d’échauffement », comme la qualifie l’intersyndicale, annoncée ce jeudi 21 novembre.
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