Loin de son costume actuel de président, c’est un jeune homme qui illustre bien ce qu’est La Maladrerie lorsqu’il ouvre pour la première fois les portes de ce club de quartier, situé au milieu des rues de la banlieue nord-ouest de Caen. . « Je suis arrivé dans cette ville en 1987, mon logement était rue de Bayeux, je cherchais un club, je connaissais Vincent (Laigneau)J’y suis venu. Je me sentais bien ici, je ne suis jamais parti. »
A LIRE AUSSI. Coupe de France féminine : La Maladrerie se qualifie pour le premier tour fédéral
Près de quarante ans plus tard, Thierry Deslandes est un passionné de musique qui tient le premier rôle, celui de chef d’orchestre, à la tête d’un groupe de 680 licenciés. Chaque jour, c’est du rock’n’roll. « J’y passe beaucoup de temps. J’ai une femme qui n’aime pas le football, mais qui est accommodante et engagée. Elle comprend mais me dit de temps en temps : « Thierry, ça suffit. » Il n’y a pas un jour où je n’ai pas un coup de téléphone, un mail, une réunion pour le club. J’ai une vie de famille, des enfants, des petits-enfants, auxquels je devrais consacrer plus de temps, une vie professionnelle importante, une vie communautaire et sportive très développée. Je ne dors pas bien la nuit, car même sans être stressé, on pense à notre club, aux rencontres à venir, aux difficultés humaines. C’est un combat constant. Mes parents m’ont élevé dans ce moule d’engagement envers les autres. Cela m’intéresse. »
« Il incarne complètement ce Mos social, ce club de quartier où on essaie d’être ouvert »
Président de l’Amicale des Gars de Crouttes, version football, pendant quatre décennies, son papa Raymond lui a transmis cette fibre dans la commune ornaise d’où est originaire la famille. « Le premier mot qui me vient, c’est partager et être proche des gens, affirme Vincent Laigneau, revenu sur le banc cet été après avoir été convaincu par le président. Thierry (Deslandes) partage avec tout le monde, il prend soin de tous, quels qu’ils soient. Il incarne complètement ce Mos social, ce club de quartier où l’on essaie d’être ouvert. C’est sa grande force. Grâce à lui, tous ceux qui entrent dans le stade y trouvent quelque chose. »
Joueur, Thierry Deslandes y a retrouvé de belles émotions. « Le club a fait un 8e Tour de Coupe de France une seule fois. Notre objectif est de faire au moins aussi bien. »dit-il à 72 heures de l’accueil de Bolbec (R1) le 7e rond. Il y a vingt-trois ans, il était là. « En marge, en tant que deuxième gardien. C’était ma dernière saison en tant que joueur. »
« Je voulais que la Mos soit acteur de son bassin de vie »
Depuis, La Maladrerie (R1) est restée fidèle à elle-même, mais s’est transformée. Elle compte aujourd’hui dix salariés, dont cinq alternants et un budget de 600 000 € pour assumer toutes ses responsabilités. Et ses envies. Tous les mardis et jeudis, en partenariat avec la mission locale et Pôle emploi, des groupes de personnes en recherche d’emploi ou de réinsertion sont présents à Déterville. Au programme : séances de sport et de rééducation encadrées par la Mos. « La Maladrerie est un des quartiers du Calvados où il y a le plus de personnes dans cette situation et on ne peut ignorer le secteur dans lequel nous opérons, estime Thierry Deslandes. Je souhaitais que la Mos soit actrice dans son domaine de vie et que nos collaborateurs puissent avoir des missions et une ouverture sur d’autres choses. »
Pour le responsable du pôle événementiel de la Région Normandie, c’est une vie trépidante, remplie de problèmes à résoudre et de joies collectives, autour d’une équipe d’une dizaine de bénévoles. “historique”. « Il a succédé à Jean-Claude Guillouf qui disait qu’il y a un vecteur social capital pour les jeunes dans ce club, résume Vincent Laigneau. Je le découvre en leader et je vois bien qu’il ne compte pas son temps. C’est l’homme social, l’homme du quartier, l’homme de l’ouverture. »
Celui qui est toujours là après treize ans de présidence, la tête pleine de projets, des femmes aux jeunes. Hâte de voir La Maladrerie défier le Stade Malherbe au prochain tour. « Si cela se produit, ce sera une grande fête. Nous sommes redevenus attractifs. On ne réussit pas tout. Il y a tout le temps des recadrages. Nous sommes dans une situation humaine, nous ne pouvons pas tout contrôler dans les tribunes, aux abords du terrain, mais il faut tendre vers cela. Je pense qu’on a fait les choses dans l’ordre, en s’occupant d’abord des jeunes, en recrutant des éducateurs. Aujourd’hui, la base est saine et nous avons la surface habitable pour elle. Place désormais à l’équipe première. »Dimanche, son frère Damien, photographe sportif en Normandie, sera là avec l’espoir d’immortaliser les sourires. Quelle photo de son frère imagine-t-il pour le représenter le mieux ? « Lui avec beaucoup de monde autour, de toutes générations, de tous milieux sociaux ».