Le Premier ministre s’est entretenu avec un habitant du Maine-et-Loire qui l’a interrogé sur ses difficultés financières, entre un plein d’essence hebdomadaire et un compte en banque vide. « Je suis heureux de vous parler directement », a répondu le Premier ministre sans apporter de réponse précise.
Un échange symbolique. En déplacement à Angers, Michel Barnier s’est prêté pour la première fois à l’exercice de l’errance pour rencontrer les Français ce vendredi 15 novembre. De quoi pousser un badaud à faire appel à lui pour évoquer les difficultés de son quotidien.
«Je suis indigné», lui explique un passant. « Je n’arrive pas à comprendre qu’on supprime la taxe d’habitation et qu’en même temps on augmente la taxe foncière. Le compte n’est pas là.
240 euros d’augmentation de la taxe foncière en 2 ans
« L’année dernière, je n’étais pas très content. Il avait augmenté de 180 euros. Cette année, 60 euros de plus», s’agace encore cet habitant qui se dit natif d’Angers.
Les montants de taxes foncières payées par les propriétaires a bondi de 20 % en moyenne en France entre 2018 et 2023, et de 32,9 % depuis 2013, selon un rapport du Syndicat national des propriétaires immobiliers.
Dans le détail, certaines villes qui fixent elles-mêmes le prix demandé à leurs habitants ont augmenté leur taxe foncière, comme Saint-Étienne (14,1%), Nancy (13,4%) et Villeurbanne (10%). ).
A Seiches-sur-le-Loir, commune de résidence de celui qui fait appel au Premier ministre, elle a augmenté de 6,3% en un an selon le moteur de recherche BFMTV. Même si aucune augmentation n’est décidée par les mairies, elle augmente automatiquement de 3,9 %.
“Je n’ai plus un kopeck sur mon compte”
« Je travaille depuis l’âge de 16 ans. J’ai 47 ans. J’ai organisé des manifestations (contre) la réforme des retraites. Je n’ai rien cassé, je suis contre la casse. Ça ne mène nulle part», décrit encore cet habitant du Maine-et-Loire devant le Premier ministre qui reste silencieux.
« Je fais chaque jour 25 km aller-retour, 25 km retour pour me rendre à mon travail. Je mets 50 euros de gasoil chaque semaine. Pour le moment, je n’ai pas un kopeck sur mon compte, je n’ai plus rien. Qu’on fait quoi ?, lui demande alors le quadragénaire.
Réponse de Michel Barnier : « c’est sûr que les communes ont vu disparaître une recette et compensent désormais sur la taxe foncière, c’est tout », affirme encore le Premier ministre.
« Je suis heureux de vous parler directement, même si je n’ai pas réponse à tout », répond alors le locataire de Matignon.
Une augmentation des frais de notaire en réponse
Avant de renvoyer la question de la taxe d’habitation, Emmanuel Macron avait promis en campagne en 2017, la responsabilité de ses prédécesseurs, expliquant que “sur la taxe d’habitation, elle a été supprimée il y a quelques années”.
Si les élus plaident pour le retour de la taxe d’habitation – une taxe souvent jugée injuste avant sa suppression – Michel Barnier a fermé la porte à cette option dans un entretien à Ouest France ce jeudi.
Pour soulager les collectivités, le Premier ministre a toutefois annoncé une augmentation des frais de notaire dont bénéficieront les départements réunis ce vendredi lors de leur congrès annuel à Angers.
“Aucun moyen” d’acheter à Angers
Présent aux côtés de Michel Barnier, l’ancien ministre de la Transition écologique Christophe Béchu (Horizons) qui a retrouvé son mandat de maire depuis son départ du gouvernement, en a profité pour défendre sa commune.
« Depuis 10 ans, nous n’avons pas augmenté d’un seul centime le taux de la taxe foncière à Angers », répond ce proche d’Édouard Philippe.
“Je ne peux pas acheter à Angers, je ne peux pas me le permettre”, répond le passant.
Michel Barnier devrait avoir l’occasion de multiplier les échanges houleux dans les prochains jours avec des maires en colère lors de leur congrès à Paris du 20 au 24 novembre.