Alors que ce phénomène suscite l’exaspération d’une grande partie des Français, le Sénat a voté ce jeudi 14 novembre 2024 l’interdiction du démarchage téléphonique.
Selon le texte de loi adopté après 1h45 de débat à la chambre, les entreprises ne pourront plus procéder à du démarchage téléphonique, sauf si le consommateur a consenti à être appelé ou dans le cas d’un contrat en cours. C’est l’inverse du système actuel qui stipule que tout le monde est prêt à être appelé, à moins de s’être inscrit sur une liste pour bloquer son numéro. “Il appartiendra désormais à chaque professionnel d’obtenir l’accord préalable du consommateur”, au “au cas par cas”, a expliqué la secrétaire d’État à la Consommation Laurence Garnier.
Si de multiples mesures ont été prises ces dernières années pour limiter le démarchage téléphonique (avec des plages horaires dédiées, certaines professions interdites…), c’est la première fois qu’une loi visant à inverser le fonctionnement du démarchage est votée. Cette loi s’inspire du fonctionnement d’autres pays européens comme l’Allemagne ou le Portugal.
“Ce n’était pas gagné, mais le vote a été unanime”salue Ouest de la France Pierre-Jean Verzelen, juste après l’adoption du vote, par 340 voix pour et 0 voix contre. Avant le vote, le sénateur de centre droit, auteur de ce projet de loi, se disait optimiste quant à un résultat positif. Mais ce vote ne signifie pas que les appels cesseront immédiatement.
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Un « premier pas » important mais pas du tout la fin des appels
« Nous venons de franchir la première étape pour lutter efficacement contre le fléau du démarchage téléphonique. Le reste sera écrit dans l’assemblée », rappelle Pierre-Jean Verzelen. « Nous réclamions cette nouvelle opération depuis des années car c’est une demande très forte de la part des consommateurs. Il s’agit d’une victoire historique qui nécessite son adoption ultérieure à l’Assemblée nationale. Nous n’en sommes qu’au tout début. » regorge de Ouest de la France Benjamin Recher, project manager for the consumer protection association UFC-Que Choisir.
Comme tout projet de loi voté au Sénat, il doit en effet encore être débattu et voté dans les mêmes termes à l’Assemblée, puis le gouvernement doit publier un décret. Ce n’est qu’à la fin de ce processus qu’elle pourra être appliquée.
«Cela prendra évidemment un peu de temps» avait déjà prévenu Pierre-Jean Verzelen mercredi. C’est pourquoi l’UFC-Que Choisir « appelle les députés à mettre le texte à l’ordre du jour de l’Assemblée le plus rapidement possible ». « C’est un sujet qui touche le grand public donc nous espérons que les députés y seront sensibles »défend Benjamin Recher, qui estime que ce nouveau système de consentement donné, une fois mis en place, “devrait limiter le volume des appels » que tout le monde reçoit.
« Au-delà de la loi, il existe aussi d’autres conditions pour que cela fonctionne. Les opérateurs doivent être capables d’identifier et de déconnecter les appels, même si les appels proviennent de l’étranger. Le gouvernement doit surtout donner vie à ce nouveau système en s’attaquant aux entreprises qui ne respectent pas les règles. a également précisé le sénateur Pierre-Jean Verzelen.
Juste après le vote de la loi au Sénat ce jeudi, la sénatrice centriste Olivia Richard, rapporteure de la commission des lois, a ajouté : « Les solutions ne sont pas simples. Si un simple article pouvait résoudre toute cette question d’un seul coup, cela se saurait et cela aurait été fait depuis longtemps. L’élu a également déclaré ” compter “ au gouvernement de réunir les acteurs de terrain. Il ne faut donc pas s’attendre à une fin immédiate des appels à froid, malgré ce vote des sénateurs.