Les inondations à Valence ont durement frappé Stadler. Le constructeur de véhicules ferroviaires ne peut rien faire face à de tels événements, mais les investisseurs perdent patience envers lui et son mécène.
Il y a toujours eu des inondations, mais cette année elles ont atteint des proportions alarmantes, notamment en Europe. Le constructeur de véhicules ferroviaires Stadler Rail peut chanter une chanson à ce sujet, après avoir été touché par les conséquences de telles catastrophes naturelles dans trois domaines jusqu’à présent cette année.
Les fournisseurs espagnols souffrent
La catastrophe la plus récente, l’inondation dans la région de Valencia, s’est produite il y a seulement deux bonnes semaines. Stadler exploite une grande usine de fabrication de locomotives comptant 3 000 employés dans cette ville du sud de l’Espagne. Elle est elle-même indemne, mais les opérations d’une trentaine de fournisseurs au sud de Valence ont été gravement endommagées. En raison des routes détruites et des liaisons de transports publics interrompues, environ 400 employés de Stadler ne peuvent toujours pas rejoindre leur travail dans l’usine de locomotives.
Fin juin, l’inondation d’une usine du fabricant de profilés aluminium Constellium à Sierre a suscité l’émoi chez Stadler. L’usine, qui produit normalement 9 000 tonnes par an de pièces en aluminium pour l’entreprise, n’a pu reprendre ses livraisons que fin octobre. Selon les estimations de Stadler, le retard de livraison devrait s’étendre jusqu’à fin août 2025.
En raison des inondations, un train à deux étages achevé pour l’ÖBB à Dürnrohr, en Basse-Autriche, a été si gravement endommagé fin septembre qu’il a dû être démoli. Les perturbations provoquées par les catastrophes naturelles obligent Stadler à déplacer ses activités vers d’autres usines au sein de son propre réseau de production. Des ajustements doivent également être apportés aux fournisseurs et des entrepôts supplémentaires doivent être créés. Tout cela prend du temps et coûte de l’argent.
Un produit composé de milliers de pièces individuelles
La production de véhicules ferroviaires est une entreprise très complexe. Un train se compose de 20 000 composants ou plus. Les différentes pièces proviennent de différents fournisseurs, car Stadler, comme d’autres fournisseurs de trains, se concentre sur l’assemblage des véhicules.
Si des pièces manquent, l’assemblage s’arrête rapidement, comme Stadler a dû le vivre douloureusement au cours des deux premières années de la pandémie corona. À cette époque, les chaînes d’approvisionnement étaient perturbées dans le monde entier. Les conséquences des récentes catastrophes naturelles sont loin d’être aussi graves, mais le groupe a néanmoins été contraint de publier un avertissement sur ses résultats mercredi soir après la clôture de la bourse.
En raison des retards de livraison, qui affectent également l’activité depuis longtemps au ralenti des nouvelles rames de métro de la société de transports publics berlinois, il est peu probable que l’objectif de chiffre d’affaires de 3,5 à 3,7 milliards de francs pour cette année soit atteint. La marge au niveau du résultat d’exploitation (EBIT), qui selon l’objectif précédent devait atteindre le niveau de 5,1 pour cent de l’année précédente, sera désormais inférieure de 2 points de pourcentage, selon les attentes de l’entreprise.
Les investisseurs ont réagi avec consternation jeudi. Le cours de l’action Stadler, en baisse depuis un an et demi, a encore perdu 10 pour cent à un peu moins de 20 francs à midi. Les analystes de la Banque cantonale de Zurich ont déclaré que l’impact des catastrophes naturelles dépassait « considérablement » leurs craintes.
Lors d’une courte conférence de presse, la direction de Stadler a tenté de calmer les esprits en présence du président du conseil d’administration et actionnaire principal Peter Spuhler. Markus Bernsteiner, le PDG de l’entreprise, a assuré qu’il ferait tout son possible pour rattraper les arriérés le plus rapidement possible. Il a souligné que nous avons l’expérience des processus de rattrapage. En 2022, l’entreprise a réussi à rattraper les retards liés au Corona des deux années précédentes.
Les dirigeants de Stadler peuvent s’encourager avec de telles paroles. Entre-temps, les doutes grandissent parmi les investisseurs quant à savoir si l’entreprise, compte tenu de tous les problèmes, sera enfin en mesure de s’orienter vers la croissance et d’augmenter considérablement sa rentabilité. Même avant la révision à la baisse actuelle, les observateurs du secteur du ZKB avaient jugé les objectifs annuels de Stadler « peu inspirants ». Selon vous, on peut désormais s’attendre à une baisse des dividendes.
La direction recueille des prévisions pour les deux prochaines années
Une autre question est de savoir dans quelle mesure le constructeur de véhicules ferroviaires sera contraint de revoir à la baisse ses prévisions pour les deux prochains exercices. Jusqu’à présent, l’entreprise avait promis à ses actionnaires qu’elle réaliserait un chiffre d’affaires d’au moins 4 milliards de francs en 2025 et d’au moins 5 milliards de francs en 2026. Dans le même temps, la marge EBIT devrait s’élever à 7 pour cent en 2025 et jusqu’à 8 pour cent en 2025. 2026.
Ces objectifs ne s’appliquent plus avec effet immédiat. La direction prévoit d’annoncer de nouvelles prévisions uniquement lors de la conférence de presse annuelle du premier trimestre de l’année prochaine.
Le rendre public était-il une erreur ?
L’entreprise ne jouit désormais pratiquement d’aucune confiance en bourse. Les investisseurs qui avaient souscrit des actions Stadler au prix d’émission de 38 francs lors de l’introduction en bourse en avril 2019 ont perdu près de la moitié de leur investissement.
Depuis l’introduction en bourse, Spuhler contrôle toujours près de 42 pour cent du capital. Plus le mécène ira longtemps, plus il devra se demander si ce n’était pas une erreur d’exposer Stadler sous les projecteurs de la Bourse. L’entreprise ne peut rien faire contre l’accumulation de catastrophes naturelles, mais ses activités complexes sont non seulement trop sensibles aux fluctuations, mais aussi pas assez fortes en termes de croissance et de marges trop faibles pour attirer les investisseurs.