DIMITAR DILKOFF / AFP
Gérald Darmanin photographié à l’Assemblée nationale le 9 octobre (illustration)
POLITIQUE – Certains soutiens sont plus surprenants que d’autres. Dans la foulée de l’annonce des réquisitions visant Marine Le Pen dans l’affaire des adjoints du RN (pour lesquelles le procureur a requis une peine d’inéligibilité de cinq ans avec « exécution provisoire “), tout le parti d’extrême droite a chanté son refrain favori, celui de la justice” politique » à des ordonnances visant uniquement à empêcher le député du Pas-de-Calais de se présenter à l’élection présidentielle de 2027.
Plus insolite, l’ancien ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, est également monté au créneau. ” Il serait profondément choquant que Marine Le Pen soit jugée inéligible et donc incapable de se présenter au vote du peuple français. »il a écrit sur le réseau social » Combattre Madame Le Pen se fait dans les urnes, pas ailleurs. Si le tribunal juge qu’elle doit être condamnée, elle ne peut être condamnée électoralement, sans l’expression du peuple. », a-t-il poursuivi, validant ainsi la thèse d’une justice partielle défendue par le Rassemblement national.
Automaticité
« N’ayons pas peur de la démocratie et évitons d’élargir encore plus l’écart entre les « élites » et l’immense majorité de nos concitoyens. », insiste le député du Nord, qui estime donc qu’un verdict doit tenir compte de considérations électorales. Pourtant, dès sa publication, son tweet a fait l’objet d’une note de la part des utilisateurs du réseau social. L’objet ? Rappelez à Gérald Darmanin les preuves juridiques. Plus précisément l’article 131-26-2 du Code pénal, selon lequel la peine d’inéligibilité est de « obligatoire à l’encontre de toute personne coupable d’une infraction mentionnée au II du présent article « . Et parmi les cas où s’applique l’automaticité de cette peine : le détournement de fonds publics, ce dont est justement accusée Marine Le Pen.
Plus embarrassante pour l’ancien ministre de l’Intérieur, cette disposition a été introduite par la loi Sapin 2 » relatifs à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique » et est entré en vigueur en 2016. Ce qui implique que ce ne sont pas les magistrats qui décident en fin de compte de l’inéligibilité de Marine Le Pen, mais une loi, par ailleurs votée par le Parlement (c’est-à-dire la représentation nationale). Sans surprise, cette position a provoqué une avalanche de réactions, notamment à gauche, mais pas seulement. ” Un gros clin d’œil gênant de la part de celui qui feint de plaindre celle dont il rêve de reconquérir l’électorat. Au passage, une violation majeure du principe de séparation des pouvoirs et de l’accusation implicite de justice politique. Belle combinaison », a déploré le premier secrétaire du PS Olivier Faure.
Ancien mentor du député du Nord, le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a également filmé Gérald Darmanin en direct sur RTL. ” Il n’aurait pas dû dire cela, surtout un ancien ministre de l’Intérieur.» s’est-il déchaîné, avant de rappeler une banalité : “La loi existe, elle s’applique à tout le monde, y compris Madame Le Pen « . Ministre chargée des relations avec le Parlement, Nathalie Delattre a également critiqué la sortie du député du Nord. « Je trouve profondément choquant de commenter une décision de justice. Il y a un temps politique, il y a un temps judiciaire. »elle a répondu sur Public Sénat.
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