Une enquête fait le point sur la sexualité des Français en 2023. Elle met en avant des changements de pratiques, mais aussi un réel besoin de prévention et un nombre important de violences sexuelles.
Une enquête réalisée par l’Inserm, l’ANRS et Santé publique France dresse aujourd’hui un portrait de la sexualité des Français. Au total, 21 259 personnes âgées de 15 à 89 ans résidant en France métropolitaine ont participé à cette recherche. 10 259 personnes vivant à l’étranger ont également été interrogées, mais les résultats n’ont pas encore été exploités. Depuis la dernière enquête de ce type datant de 2006, nous constatons des évolutions et des transformations dans nos habitudes au lit.
Premier signalement plus tard et baisse d’activité, mais les Français sont plus satisfaits
La carte sociale des habitudes sexuelles des Français a évolué, à commencer par la découverte d’une sexualité qui, après avoir sensiblement décliné, devient plus tardive. En 2023, l’âge médian au premier rapport sexuel était de 18,2 ans pour les femmes et de 17,7 ans pour les hommes. Dans les années 2000, elle était proche de 17,5 ans pour les deux sexes.
De plus, l’activité sexuelle au cours des 12 derniers mois et la fréquence des rapports sexuels au cours des 4 dernières semaines ont diminué avec le temps, tant pour les hommes que pour les femmes de tous âges. La satisfaction des Français s’améliore cependant après une baisse au début des années 2000 : en 2023, 45,3% des femmes et 39,0% des hommes déclarent « très satisfait » de leur vie sexuelle actuelle.
En termes de nombre de partenaires, l’écart entre hommes et femmes reste important. En moyenne, les femmes déclarent avoir eu 7,9 partenaires sexuels au cours de leur vie, contre 16,4 pour les hommes. Comment expliquer cette différence ? “LLa définition de « partenaire sexuel » n’est pas toujours similaire pour les hommes et les femmes, ce qui peut expliquer cet écart.», a indiqué lors d’une conférence de presse Nathalie Bajos, sociologue à l’Inserm, ajoutant en souriant que les hommes avaient sans doute tendance à déclarer toutes leurs partenaires, quand les femmes ne citaient que celles qui avaient vraiment compté.
Le nombre de femmes déclarant s’être masturbées a considérablement augmenté, passant de 42,4 % en 1992 à 72,9 % aujourd’hui. Cette augmentation est beaucoup plus marquée que chez les hommes.
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Diversification des orientations sexuelles et évolution des identités de genre
Cette enquête révèle une diversification des pratiques sexuelles, avec une déclaration d’attirance plus fréquente pour une personne du même sexe que les enquêtes précédentes. Ces tendances sont encore plus prononcées chez les 18-29 ans, puisque 32,3% des femmes et 13,8% des hommes déclarent avoir ressenti au moins une fois une attirance pour une personne du même sexe. Dans le même temps, une personne sur 1 000 déclare avoir pris des mesures pour changer de sexe.
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Transformation de la sexualité à l’ère numérique
Le numérique favorise une adaptation de la sexualité, qui se façonne désormais dans ces espaces virtuels. En 2023, 33% des femmes et 46,6% des hommes déclarent avoir vécu une expérience sexuelle en ligne (qui ne consiste pas seulement à utiliser un site de rencontre, mais à rencontrer un partenaire sexuel grâce à une application en ligne et/ou à l’échange d’images ou de vidéos intimes). ). Là encore, ces pratiques sont beaucoup plus fréquentes chez les 18-29 ans.
La prévention en santé sexuelle reste essentielle
Entre le début des années 1960 et le milieu des années 2000, on a assisté à une forte augmentation du recours à la contraception lors des premiers rapports sexuels. Cependant, les taux diminuent entre 2006 et 2023, les hommes et les femmes semblant moins stricts quant au port du préservatif lors des premiers rapports sexuels.
La couverture vaccinale contre les maladies sexuellement transmissibles reste insuffisante en 2023, avec seulement 63,5% des femmes et 52,9% des hommes de 15-29 ans vaccinés contre l’hépatite B. Dans cette même tranche d’âge, la moitié des femmes et 20,2% des hommes semblent avoir été vaccinés. contre le papillomavirus. Le taux d’infections sexuellement transmissibles, comme la Chlamydia, reste comparable aux chiffres de 2006, avec 2,2 % de femmes touchées et 1,9 % d’hommes. Concernant les grossesses non désirées, elles augmenteront en 2023. Les interruptions volontaires de grossesse (avortements) sont également en augmentation, passant de 13,9 avortements pour 1000 femmes en 2016 à 16,8 pour 1000 femmes en 2023.
En matière de contraception, cette enquête révèle plusieurs évolutions. La pilule semble être progressivement laissée de côté, avec 26,8% d’utilisatrices en 2023 contre 56,4% en 2000. Le stérilet, à base de cuivre et hormonal, devient la première méthode de contraception utilisée chez les femmes de 18 à 49 ans.
De plus en plus de signalements de violences sexuelles
En 2006, 15,9 % des femmes âgées de 18 à 69 ans déclaraient avoir subi un rapport sexuel forcé ou une tentative de rapport sexuel forcé. En 2023, ce taux double, pour atteindre 36,8 %. On note également une augmentation de cette déclaration chez les hommes, avec 12,4% indiquant avoir subi des violences sexuelles. Cette évolution est probablement due à une meilleure capacité à identifier et qualifier les actes de violences sexuelles. Des actes autrefois perçus comme « normaux », comme le viol conjugal reconnu par la loi seulement en 1992, peuvent désormais être qualifiés de violences sexuelles.
Les signalements de violences sexuelles sont particulièrement nombreux parmi les personnes ayant des partenaires de même sexe : 53,1 % chez les femmes et 29,5 % chez les hommes.