Une telle condamnation serait « profondément choquante »[e] », selon l’ancien ministre de l’Intérieur. Alors que le parquet a requis ce mercredi à Paris cinq ans de prison, dont deux ans de prison, et cinq ans d’inéligibilité contre Marine Le Pen dans l’affaire dite des « assistants parlementaires », Gérald Darmanin a estimé sur ex-Twitter) que si le Si la figure du Rassemblement national (RN) devait « être condamnée », elle ne devait pas l’être « électoralement, sans l’expression du peuple ».
«Il serait profondément choquant que Marine Le Pen soit jugée inéligible et donc incapable de se présenter au vote du peuple français. Combattre Madame Le Pen se fait dans les urnes, pas ailleurs», écrivait en milieu de soirée le prédécesseur de Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur. « N’ayons pas peur de la démocratie et évitons d’élargir encore davantage la différence entre élites et la grande majorité de nos concitoyens », a-t-il ajouté.
En sortant de la salle d’audience ce mercredi soir, Marine Le Pen, qui s’était raidie sur son banc à l’approche de l’annonce des peines demandées, a également dénoncé les « violences » et les « excès » des réquisitions. “Je pense que la volonté du parquet est de priver les Français de la possibilité de voter pour ceux qu’ils veulent” et de “ruiner le parti” (le parquet demande 4,3 millions d’euros au RN), a-t-il estimé. -elle a ajouté.
Inéligibilité obligatoire pour ce type d’infraction
Les réquisitions des deux procureurs en charge du dossier ne sont cependant pas le fruit d’une vindicte personnelle à l’encontre du président du groupe RN à l’Assemblée. Ni d’une volonté de l’empêcher de se présenter à l’élection présidentielle de 2027… Dans le Code pénal, la peine d’inéligibilité est obligatoire pour le délit de détournement de fonds publics. C’est précisément ce dont sont accusés la fille de Jean-Marie Le Pen et son parti dans ce procès.
Les faits reprochés à Marine Le Pen dans cette affaire s’étendent de 2009 à 2016. Or, l’article 432-17 du Code pénal, tel que modifié par la loi Sapin 2 « relatif à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique » du 9 décembre 2016, rend obligatoire l’inéligibilité pour une série de délits financiers, y compris ceux qui lui sont reprochés.
Malgré tout, l’espoir demeure pour l’ancien président du parti de la flamme. Si elle devait être condamnée, le tribunal pourrait, au nom de l’individualisation des peines et de leur « stricte nécessité » – un principe constitutionnel – ne pas appliquer la peine d’inéligibilité. Il appartiendrait toutefois au juge de justifier expressément cette décision.
Une peine accompagnée d’une exécution provisoire
A court terme, elle ne pourra cependant compter ni sur un pourvoi ni sur un pourvoi en cassation : le parquet a en effet demandé que la peine d’inéligibilité contre Marine Le Pen soit accompagnée d’une exécution provisoire, c’est-à-dire elle s’applique immédiatement, même en cas de recours. En principe, ces deux procédures sont suspensives, c’est-à-dire qu’elles suspendent l’exécution de la peine, dans l’attente d’un nouveau jugement.
Pour rappel, le Rassemblement national est accusé d’être au « centre » d’un « système organisé » visant à conclure des « contrats artificiels » pour des assistants parlementaires européens qui ont en réalité travaillé pour le parti afin de renflouer les caisses du parti entre 2004 et 2011. Selon le parquet, ce système, qui s’est “renforcé” avec l’arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti en 2011, est “sans précédent” par sa durée, le “montant” des malversations (4,5 millions) et son ” nature organisée ».