Caci, un entrepreneur militaire américain reconnu coupable de torture à Abu Ghraib, en Irak

Caci, un entrepreneur militaire américain reconnu coupable de torture à Abu Ghraib, en Irak
Caci, un entrepreneur militaire américain reconnu coupable de torture à Abu Ghraib, en Irak

Vingt ans plus tard, leurs histoires ont enfin été entendues par les tribunaux. Trois anciens détenus de l’armée américaine, arrêtés lors de l’incursion de cette dernière en Irak pour mener une « guerre contre le terrorisme » en 2003, ont réussi à obtenir gain de cause : la société privée Caci International a été reconnue coupable de « tortures » et de « traitements cruels, inhumains ou dégradants »ce mardi 12 novembre. La société a été condamnée par un jury de l’État de Virginie à payer 14 millions de dollars par victime, pour un total de 42 millions de dollars.

Une victoire pour l’ONG Centre pour les droits constitutionnels (CCR), qui représentait les trois plaignants. « Nos clients se sont courageusement battus pendant 16 ans pour obtenir réparation pour les horreurs qu’ils ont subies, contre tous les obstacles que cet énorme entrepreneur militaire privé a mis sur leur chemin. »a rappelé le directeur juridique du CCR, Baher Azmy.

Humilié et maltraité par des soldats américains

Basée dans l’État de Virginie et fondée en 1962, Caci International a fourni des interrogateurs et sous-traité le traitement des prisonniers pour l’armée américaine tout au long des années 2000. L’entreprise, cotée à Wall Street (Bourse de New York) et qui emploie plus de 20 000 salariés, était notamment responsable du centre de détention d’Abou Ghraib, situé près de Bagdad et tristement célèbre pour ses conditions de détention inhumaines, entre insalubrité et actes de torture. . La diffusion, en 2004, de photos montrant des détenus d’Abou Ghraib humiliés et maltraités par des soldats américains a déclenché l’indignation mondiale, fragilisant encore davantage la position de l’administration de George W. Bush, déjà très critiquée pour sa volonté d’envahir l’Irak.

La décision de l’État de Virginie – sans précédent pour une telle affaire – intervient après de longues années de batailles judiciaires. En 2014, après que onze soldats avaient déjà été condamnés par une cour martiale à des peines de prison entre 2004 et 2006, une cour d’appel fédérale a finalement autorisé une procédure judiciaire contre Caci International. Pour ce faire, les plaignants ont invoqué l’Alien Tort Statute (ATS), une loi fédérale datant de 1789 qui autorise les étrangers victimes de violations du droit international à être entendus devant les tribunaux américains. Les anciens détenus affirmaient ainsi que les militaires chargés de les interroger étaient de facto sous les ordres d’interrogateurs privés.

Menacés par des chiens, privés de nourriture, battus…

À la prison d’Abou Ghraib, près de la moitié des interrogateurs impliqués dans les violences travaillaient pour des entreprises privées, dont Caci. Ce dernier, pour sa défense, a fait valoir que l’armée américaine exerçait un contrôle total sur ces interrogatoires, et donc sur les méthodes utilisées.

Les histoires des trois plaignants – un directeur d’école, un vendeur de fruits et le journaliste d’Al Jazeera Salah Hasan Nusaif al-Ejaili – constituent un nouveau rappel de la violence dans la région suite à l’invasion américaine. Uni. Salah Hasan Nusaif Al-Ejaili, par exemple, a été emprisonné à Abou Ghraib pendant près de deux mois. Parmi les tortures subies, le journaliste raconte avoir été maintenu nu, menacé avec des chiens, privé de nourriture, battu et enfermé dans une cellule isolée dans des conditions de privation sensorielle, par les interrogateurs. “Aujourd’hui est un grand jour pour moi et pour la justice”s’est-il réjoui, dans un communiqué du CCR, publié suite à la décision de l’Etat de Virginie.

Les ex-détenus interrogés par l’ONG accusent les employés de Caci de nombreux actes de torture, pratiqués pendant plusieurs mois sur chaque détenu : viols, activités physiques jusqu’à l’épuisement, privation de nourriture et d’oxygène, coups de bâtons. dans les parties génitales, des tirs de pistolet Taser dans la tête. « Cette affaire s’inscrit dans le cadre de nos efforts visant à garantir que les responsables de torture et d’autres violations graves du droit international découlant de la soi-disant « guerre contre le terrorisme » et de l’invasion de l’Irak soient tenus responsables de leurs actes.a rappelé le CCR dans un communiqué. En attendant, de nouveaux témoignages continuent d’affluer.

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