De nombreuses vidéos sont partagées en masse par les partisans de Donald Trump sur les réseaux sociaux. Derrière certains se cachent des opérations d’influence russes.
Des mensonges sur tous les fronts. Alors que 160 millions d’électeurs inscrits décideront du résultat de l’élection présidentielle américaine mardi 5 novembre, les déclarations trompeuses sur le vote aux Etats-Unis se multiplient. Beaucoup prétendent démontrer la fraude électorale pour favoriser le camp démocrate, mais en réalité il s’agit d’erreurs ou de purs mensonges.
Un certain nombre de vidéos portent également la marque des services de désinformation russes, selon les autorités américaines, et sont souvent amplifiées, consciemment ou inconsciemment, par les partisans de Donald Trump, dont le plus célèbre d’entre tous : Elon Musk, l’homme le plus riche du monde. Voici un récapitulatif des principales fausses informations relayées dans les derniers jours de la campagne.
Une vidéo avec de faux migrants haïtiens
Dans une vidéo publiée le 31 octobre, deux hommes se présentent comme des migrants haïtiens ayant rapidement obtenu la nationalité américaine. Ils affirment avoir voté à plusieurs reprises pour Kamala Harris dans différents comtés de l’État de Géorgie, en utilisant plusieurs copies d’une pièce d’identité avec la même photo. Ils semblent également encourager d’autres Haïtiens à venir aux États-Unis avec leurs familles. Cette publication a été largement partagée sur le réseau social
Mais cette vidéo est bel et bien une mise en scène. La preuve : les noms figurant sur les permis de conduire visibles sur l’image ne sont pas inscrits sur les listes électorales des comtés mentionnés dans la vidéo, selon le site Politifact.com. Les hommes de la vidéo ne peuvent donc pas avoir voté comme ils le prétendent. Par ailleurs, les adresses figurant sur ces documents sont fausses et la photo est une image d’illustration trouvée sur internet sous le nom “heureux homme africain souriant”souligne un journaliste de la BBC.
Les autorités américaines n’ont pas tardé à dénoncer cette supercherie. Dès le 31 octobre, le gouverneur républicain de Géorgie dénonçait dans un communiqué une vidéo « manifestement faux et s’inscrit dans une tentative de désinformation (…) pour semer la discorde et le chaos à la veille des élections ». Et pointez “la production probable d’une ferme à trolls russe”. Le FBI soutient également la thèse de l’origine russe, affirmant que cette vidéo « fait partie des efforts plus larges déployés par Moscou pour attiser les divisions entre Américains ».
Une vidéo prétendument du FBI
Certains menteurs tentent également de se faire passer pour des autorités légitimes. Un compte sur “Ces vidéos ne sont pas authentiques, ne proviennent pas du FBI et leur contenu est faux”l’agence a également démenti sur X.
L’impact de ces vidéos devrait toutefois être limité. “Tous les points de vue, partages et likes que vous voyez sur cet article ne sont pas authentiques [et] proviennent de réseaux de faux comptes des produits prêts à l’emploi que ces personnes utilisent régulièrement »déclare Eliot Higgins, fondateur du média d’investigation Bellingcat, à propos de
Un faux article sur des liens avec P. Diddy
De fausses affirmations ont également tenté de lier le camp démocrate à un homme accusé d’abus sexuels, voire d’abus sur enfants : le rappeur P. Diddy, accusé par plus de 120 personnes de multiples viols et agressions sexuelles. Le 30 octobre, le site Internet « Patriot Voice » affirmait que le mari de Kamala Harris, Doug Ermhoff, avait prévenu le rappeur que des perquisitions allaient être effectuées dans l’une de ses propriétés en échange d’un pot-de-vin de 500 000 dollars.
Le site affirme s’appuyer sur les aveux d’un avocat anonyme. Il émet également des hypothèses sur d’éventuels liens entre le couple du vice-président américain et Sean Combs, avec des arguments très fragiles. Mais le FBI affirme que ces aveux sont faux. « Des acteurs d’influence russes ont également produit une vidéo accusant faussement une personne associée au candidat démocrate à la présidentielle d’avoir accepté un pot-de-vin d’un artiste américain »assure-t-il dans un communiqué, sans citer de noms.
Le site « Patriot Voice » avait déjà relayé de fausses informations sur de faux migrants haïtiens. Les partisans de Donald Trump, proches du mouvement complotiste QAnon, accusent régulièrement les démocrates et leurs partisans de maltraitance d’enfants. Comme en 2016 avec la théorie erronée du « Pizzagate » selon laquelle des responsables démocrates, dont Hillary Clinton, auraient organisé un trafic sexuel d’enfants à travers le sous-sol d’une pizzeria de Washington.
Une vidéo trompeuse sur les machines à voter
Comme en 2020, de nombreux partisans de Trump répètent des affirmations fausses ou trompeuses sur les machines à voter Dominion, accusées de fonctionner mal ou d’avoir été sciemment modifiées pour désavantager le candidat républicain. Une vidéo publiée le 31 octobre et filmée dans l’État du Kentucky montre un électeur tentant à plusieurs reprises de voter pour Donald Trump, sans succès. Après plusieurs tentatives, la machine a même fini par sélectionner le candidat démocrate. “Pour quoi [ces erreurs] semble toujours aller dans un sens et pas dans l’autre ? feint de s’interroger l’un des comptes relayant cette vidéo.
L’incident est vrai et a été traité par les autorités locales. Le greffier du comté de Laurel, Tony Brown, a écrit sur Facebook que la machine concernée avait été retirée du lieu de vote, que le bug était réel mais très difficile à reproduire et que le bureau n’avait reçu aucune autre plainte avant ou après. L’élu républicain précise que cette machine n’enregistre pas directement les votes, mais sert uniquement à les inscrire sur un bulletin papier que l’électeur devra ensuite scanner, si cela lui convient.
Le procureur général du Kentucky, également républicain, affirme avoir « répondu rapidement » à la plainte du comté, qui a recommandé de changer la machine à voter concernée. Il promet que “Tous les électeurs du Kentucky peuvent avoir confiance” et ça « tout problème potentiel sera traité rapidement ». Le secrétaire d’État du Kentucky, Michael Adams, également républicain, confirme sur X que l’électeur a pu voter pour le candidat de son choix et conclut en appelant à se renseigner auprès de « sources fiables ».