Plus de deux ans après “L’amour vaut mieux que la vie”, Claude Lelouch revient avec “Enfin” : un 51e long métrage d’abord annoncé comme son dernier, jusqu’au titre. Sauf si…
De quoi s’agit-il ?
Dans un monde de plus en plus fou, Lino, qui a décidé de tout abandonner, va se rendre compte qu’en fin de compte : tout ce qui nous arrive est pour notre bien !
L’histoire sans fin ?
L’heure de la retraite est-elle venue pour Claude Lelouch, qui a fêté ses 87 ans le 30 octobre et dont le premier film (USA en vrac, un court métrage en noir et blanc d’une quinzaine de minutes) est sorti en 1957 ?
Dans l’idée, oui, et le titre de son 51e long métrage conforte cette idée. Enfin, comme pour dire que tout a mené à ça « une fable musicale animée » par lui, comme on peut le lire dans le générique d’ouverture.
Une histoire de fuite en avant pour le personnage incarné par Kad Merad, qui peut évidemment se comprendre si l’on n’a jamais vu aucun long métrage du réalisateur d’Un homme et une femme, même si la présence d’images de Lino Ventura et de la jeune Françoise Fabian peut soulever quelques questions.
Car Enfin se présente comme le point de convergence de la filmographie de son auteur sur de nombreux aspects.
A défaut de porter le chapeau qu’était celui de Jean-Paul Belmondo dans Itinéraire d’un enfant gâté (mais une veste appartenant à son réalisateur), le protagoniste nous est présenté comme le fils de l’homme incarné par Lino Ventura dans Claude Lelouch dans L’Aventure c’est l’Aventure. et bonne année.
Ce qui crée une petite incohérence car ce n’était pas le même personnage dans les deux films, mais ce n’est pas grave, car cela traduit la volonté de lier plusieurs époques de son cinéma.
De la même manière qu’une séquence est tournée près du Mont Saint-Michel, où a eu lieu l’ouverture de Il y a des jours… et des Lunes, ou qu’une intrigue secondaire autour d’un curé, laissée de côté lors de la préparation du Voyou, est ici réutilisée. Ou encore qu’une des dernières séquences, dans un tribunal, rappelle la fin de Tout ça… pour ça !
Quand Claude Lelouch ne fait pas ouvertement référence à des films réalisés par d’autres que lui, comme Sur la route de Madison de Clint Eastwood ou La Grande Illusion de Jean Renoir.
Comme souvent, le cinéaste signe un opus généreux. Sur la vie, l’amour, le cinéma, la famille, la musique (avec de forts coups de trompettes), la France (l’histoire passe par Avignon, Beaune, Le Mans, Paris, etc.), la religion.
Un film libre donc, même dans certaines improvisations. Et ultime ? Longtemps, Enfin a été présenté comme le point final de l’œuvre foisonnante de son auteur, jusque dans son titre.
Mais, au terme de ce joli duo final, au piano, entre Kad Merad et Barbara Pravi, une carte nous invite à la rencontre : « Et bientôt, la suite de ce mouvement musical… » Sans plus de détails.
“Je prie chaque jour pour ce dernier film”
Claude Lelouch tease-t-il la sortie d’un album contenant des chansons de son film ? Des représentations sur scène ? Ou un autre dernier long métrage ? « De plus en plus souvent, je pense à mon départ »» précise le principal concerné dans le dossier de presse. «J’y pense tous les jours. Cela devient obsessionnel. Je n’ai pas peur de la mort mais j’ai le trac.
« Je ne sais pas si j’aurais la force de faire un 52ème film pour achever ce que la vie m’a donné, mais je rêve de réaliser le bouquet final. Je prie tous les jours pour ce dernier film, j’aimerais vraiment le tourner…
Je vais essayer de le faire, ne serait-ce que pour remercier ceux qui m’ont fait confiance et dire au revoir aux grincheux ! L’heure des adieux n’est peut-être pas encore venue.