En Haïti, « ce 11 novembre aurait pu être le 11 septembre »

En Haïti, « ce 11 novembre aurait pu être le 11 septembre »
En Haïti, « ce 11 novembre aurait pu être le 11 septembre »

Comme c’est souvent le cas lorsque l’histoire change de page en Haïti, il y a un avion quelque part. Cherchez-le !

Le premier avion célèbre fut celui du départ en exil du populaire président provisoire Daniel Fignolé, en 1957. Le plus médiatisé, l’avion de l’exil du président à vie Jean-Claude Duvalier, en 1986. Le plus mystérieux, les deux avions lors des départs forcés de Jean-Bertrand Aristide, en 1991 et 2004. Le plus cocasse, l’avion interdit d’atterrir à Ariel Henry, en 2024.

Ce lundi 11 novembre 2024, l’histoire change encore de page en Haïti. Le nouveau Premier ministre [Alix Didier Fils-Aimé] a atterri dimanche à la dernière minute avant la fermeture des vols vers Port-au-Prince et l’ancien Premier ministre [Garry Conille] ne peut pas quitter la capitale. Il devra attendre le retour des avions [l’aviation civile haïtienne a suspendu ses opérations à l’aéroport Toussaint-Louverture jusqu’au 18 novembre].

Haïti, « un peu plus dans la tourmente »

Au moment où un avion américain essuyait des tirs à l’approche de l’aéroport Toussaint-Louverture, lundi 11 novembre, le nouveau Premier ministre, Alix Didier Fils-Aimé, s’engageait à « rétablir la sécurité » dans le pays. Son prédécesseur, Garry Conille, avait été démis peu auparavant par le Conseil présidentiel de transition (CPT), cinq mois seulement après sa nomination. Une décision qui plonge Haïti “un peu plus dans la tourmente”, résumé Le New York Times. Garry Conille, médecin de 58 ans, ancien directeur de l’Unicef ​​pour l’Amérique latine et les Caraïbes, a été “l’un des favoris de la communauté internationale”. Mais expliquez The Nouvelliste, « il a été évincé du poste de Premier ministre suite à plusieurs désaccords avec le CPT concernant une demande de remaniement ministériel et un scandale de corruption impliquant 3 membres du CPT ». L’annonce de son licenciement, ajoute le quotidien haïtien, a provoqué « un regain de tension à Port-au-Prince ». De janvier à septembre, selon les chiffres des Nations Unies rapportés par le journal, « 4 900 personnes ont été tuées en Haïti où, pour la première fois depuis 2022, des poches de famine sont observées dans les régions abritant des personnes déplacées ». Plus de 700 000 personnes sont déplacées, dont plus de la moitié sont des enfants.

Courrier international

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L’aéroport, le thermomètre de l’insécurité

Depuis mars 2024, les avions vivent de nouvelles aventures dans le ciel haïtien. On leur tire dessus. Un avion a été touché alors qu’il se trouvait sur le tarmac de l’aéroport international Toussaint-Louverture, en mars 2024. Un hélicoptère a été touché par des projectiles en plein vol en octobre dernier, et ce 11 novembre, c’est un avion de Spirit Airlines qui a été abattu alors qu’il se trouvait sur le tarmac de l’aéroport international Toussaint-Louverture. se préparant à atterrir. Un autre avion, de JetBlue, a été abattu alors qu’il quittait Port-au-Prince. L’entreprise s’en est rendu compte dès son atterrissage à New York.

Comme en mars, tous les vols commerciaux sont suspendus à destination et en provenance de Port-au-Prince. L’aéroport est devenu le thermomètre de l’insécurité et la preuve que la Mission multinationale de soutien à la sécurité et les forces nationales ne sont pas encore capables de résoudre les problèmes.

Chaque fois que le trafic aérien est suspendu, c’est une faille de sécurité majeure et l’illustration que le cordon ombilical le plus court entre Haïti et le reste du monde est inopérant.

Pire encore, le 11 novembre aurait pu être le 11 septembre, avec une série de catastrophes aériennes sanglantes. Nous avons frôlé le pire. Le président de la République dominicaine assimile les tirs contre l’avion Spirit à un acte de terrorisme.

Le pays part à l’aventure

Au moment de mettre en ligne cet article, aucune autorité haïtienne[était] prononcé sur les nombreux incidents sécuritaires qui ont émaillé la journée du 11 novembre 2024. Le pays était en train de changer de Premier ministre.

Comme Ariel Henry, Garry Conille est parti sans avoir réussi à redresser la situation sécuritaire. Didier Fils-Aimé a pris ses fonctions en renouvelant les mêmes promesses de faire mieux. Y arrivera-t-il ? En aura-t-il les moyens ? Va-t-il changer de stratégie ?

Pour l’instant, personne ne connaît les projets et moyens du nouveau Premier ministre ni les grandes lignes de son équipe gouvernementale. Le pays part à l’aventure.

La situation sécuritaire est toujours aussi dégradée qu’en février 2024, et les perspectives restent aussi sombres.

L’histoire d’Haïti change de page, mais pas de chapitre.

De la mauvaise gouvernance aux mauvaises expériences, tous les secteurs s’effondrent. Le trafic aérien aussi.

Les responsables de règnes ratés ont-ils tiré la sonnette d’alarme ? Un jour, il n’y aura plus d’avion pour l’évacuation ou l’exil.

 
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