Les Conseils des Etats permettent un accord au Parlement

Les Conseils des Etats permettent un accord au Parlement
Les Conseils des Etats permettent un accord au Parlement

Après de nombreuses querelles, une réforme de la fiscalité de la propriété immobilière susceptible de séduire une majorité à Berne est désormais à portée de main. Mais en fin de compte, les gens pourraient encore constituer un obstacle de taille.

Le Parlement souhaite un changement de système de taxation de la propriété résidentielle.

Karin Hofer / NZZ

La valeur locative imputée agace certains propriétaires. Compte tenu de l’exigence d’une fiscalité basée sur les performances économiques, il est logique de considérer la valeur locative imputée comme un revenu en nature combiné avec des déductions pour l’entretien de la propriété et certains intérêts de dettes. Mais l’affaire est difficile à comprendre pour beaucoup de personnes concernées : la valeur locative imputée peut apparaître comme un revenu « fictif ». Les revendications en faveur de la suppression de l’impôt sur la valeur locative imputée font partie de l’arène politique depuis des décennies. Mais jusqu’à présent, tout n’a abouti à rien.

Aujourd’hui, quelque chose qui n’était presque plus considéré comme possible après de nombreuses tentatives infructueuses pourrait se produire : une réforme susceptible de recueillir une majorité pourrait encore avoir lieu. La Commission économique du Conseil des Etats a créé cette semaine une condition préalable centrale. Le Conseil des Etats a englouti deux grosses sommes d’argent et, selon l’annonce de mardi, a suivi la voie du Conseil national.

Dans le cadre de la dernière tentative de réforme, les deux chambres du Parlement ont décidé de réviser la loi. Un accord s’est dégagé entre les chambres sur quatre points en particulier : la valeur locative imputée aux premiers immeubles sera supprimée ; En contrepartie, la déduction fiscale pour entretien immobilier devrait également disparaître ; la déduction générale des intérêts de la dette est réduite ; Lors de l’achat pour la première fois d’un bien immobilier indépendant, il devrait toutefois être prévu une déduction spéciale temporaire des intérêts de la dette, dont le maximum diminue linéairement jusqu’à zéro dans un délai de dix ans.

Cantons de montagne critiques

Mais il y avait des divergences sur deux points essentiels. Le Conseil des Etats (décision de décembre 2023) a voulu supprimer la valeur locative imputée uniquement pour les premiers biens immobiliers afin que la perte de revenus ne devienne pas trop douloureuse pour les cantons touristiques avec leurs nombreux appartements de vacances.

Le Conseil national (résolution de septembre 2024) souhaite cependant un changement de système pour les première et deuxième propriétés. Raisons invoquées : Le traitement différent des premier et deuxième biens immobiliers ouvre de nouvelles voies d’optimisation fiscale, est administrativement complexe et constitutionnellement discutable. Afin d’apaiser les cantons, le Conseil national a préconisé la création d’une base constitutionnelle qui donnerait aux cantons le pouvoir de prélever un impôt spécial sur les propriétés secondaires principalement utilisées par eux-mêmes.

Le deuxième point de friction concernait la déduction générale des intérêts des dettes. Selon le Conseil fédéral, la suppression totale de la déduction des intérêts de la dette ne serait pas constitutionnelle. Selon la loi en vigueur, les intérêts des dettes peuvent être déduits de l’impôt fédéral direct à hauteur du total des revenus financiers imposables majoré de 50’000 francs. Le Conseil des Etats a voulu réduire ce maximum à 70 pour cent du revenu imposable ; le Conseil national a décidé une réduction beaucoup plus importante.

La Commission économique du Conseil des Etats a désormais suivi le cap du Conseil national sur les deux points – par 9 voix contre 4 sur les biens immobiliers secondaires et par 6 voix contre 4 avec deux abstentions sur la déduction des intérêts de la dette. Dans l’esprit des cantons touristiques, la commission propose également une clause garantissant que le changement de système n’entrera en vigueur que si la base constitutionnelle proposée pour un impôt spécial sur les propriétés secondaires a été adoptée. Celui-ci devrait également disposer d’une majorité au Conseil national.

Peur du peuple

Le Conseil des Etats a cédé moins par conviction intérieure que par peur politique : la précédente variante de réforme du Conseil des Etats entraînerait des pertes de recettes plus importantes pour le fisc et provoquerait donc probablement un référendum de gauche. La différence estimée entre les deux modèles de taux d’intérêt de la dette s’élève à environ 700 millions de francs par an pour la Confédération et les cantons. Étant donné que les cantons sont également fondamentalement sceptiques quant à un changement de système, le modèle actuel du Conseil des Etats risquerait fortement de s’effondrer lors des urnes.

Dans le modèle du Conseil national, la déduction des intérêts de la dette dépend de la part des immeubles loués dans le patrimoine total. Par exemple, si le contribuable dispose d’un patrimoine brut de 5 millions de francs, dont 3 millions (60 pour cent) sont imputables à l’immobilier, il pourrait déduire de son revenu au maximum 60 pour cent du total des intérêts de sa dette.

Quiconque possède la totalité de son patrimoine brut dans des immeubles loués peut déduire tous les intérêts des dettes. Si vous n’avez aucun bien loué, vous ne pouvez déduire aucun intérêt sur les dettes. L’idée centrale de ce concept : étant donné que les revenus des biens immobiliers loués restent imposables dans le modèle de réforme, les frais d’intérêts de la dette qui y sont associés devraient également être déductibles.

En principe, cela correspond à la logique fiscale avec la déductibilité des « coûts de production » – ce sont des coûts qui surviennent lors de la génération de revenus imposables. Dans cette logique, les intérêts de la dette d’un prêt à la consommation ne constituent pas un coût d’acquisition déductible, alors que les intérêts de la dette d’un prêt hypothécaire sur un bien immobilier à revenu imposable sont déductibles.

Constructions auxiliaires nécessaires

Toutefois, comme l’argent peut être facilement déplacé, le traitement fiscal des intérêts de la dette doit être fondé sur des concepts auxiliaires. Il n’existe pas de modèle parfait. Le modèle du Conseil national n’est pas non plus parfait : de nombreux contribuables possèdent des biens meubles tels que des actions ou des obligations qui génèrent des revenus imposables, mais cela n’est pas pris en compte dans le modèle du Conseil national lors du calcul de la déduction autorisée des intérêts de la dette. Le modèle actuel du Conseil des Etats et la réglementation actuelle en matière de déduction des intérêts de la dette sont tout sauf parfaits.

Si la proposition de la Commission économique du Conseil des Etats était adoptée au Conseil des Etats lors de la prochaine session de décembre, les conditions seraient créées pour une réforme capable de recueillir une majorité. Selon le plan, la réforme devrait être approuvée par les deux conseils en décembre.

Cela dépend beaucoup du niveau des taux d’intérêt

Les conséquences du modèle du Conseil national pour le fisc dépendent du niveau futur des taux d’intérêt. Plus le niveau des taux d’intérêt est élevé, plus les pertes pour le fisc sont faibles, car avec des taux d’intérêt plus élevés, la réduction de la déduction des intérêts de la dette devient plus significative.

Selon les estimations fédérales, avec un taux d’intérêt moyen de 1,5 pour cent, la variante du Conseil national entraînerait une réduction d’impôts et donc des pertes pour le fisc d’environ 1,7 milliard de francs ; Environ un cinquième de cette somme va au Trésor fédéral, le reste va aux cantons et aux communes. Avec des taux d’intérêt légèrement inférieurs à 3 pour cent, la réforme serait à peu près neutre en termes de recettes. Fin juin, le taux d’intérêt moyen sur les prêts hypothécaires en cours s’élevait à un peu moins de 1,7 pour cent. Selon le service de comparaison Comparis, la valeur moyenne des prêts hypothécaires à taux fixe sur 10 ans proposés est actuellement de 1,8 pour cent.

Avec un taux moyen futur de 1,8 pour cent, l’option de réforme du Conseil national entraînerait une réduction d’impôts d’environ 1,3 milliard de francs par an ; Sur ce montant, près de 350 millions de francs concernent les impôts fédéraux directs. Après déduction de la part cantonale, 250 à 300 millions de francs reviennent au Trésor fédéral.

Que font les cantons ?

Cette réforme ne serait pas non plus un succès assuré lors d’un référendum. Les déclarations faites jusqu’à présent suggèrent qu’il n’y aura pas de référendum contre la variante de gauche du Conseil national. Un référendum cantonal serait également envisageable. Le scepticisme est particulièrement grand parmi les cantons touristiques, qui ne sont que modérément apaisés par la perspective d’une autorité cantonale prévoyant une taxe spéciale sur les résidences secondaires.

Selon la conférence des huit cantons de montagne, la suppression de l’impôt sur la valeur locative imputée aux résidences secondaires ne pourrait entraîner des pertes fiscales que d’environ 120 millions de francs par an dans les cantons du Valais et des Grisons. Les cantons de montagne «imaginent très mal» qu’un nouvel impôt foncier puisse compenser ces pertes.

Selon les informations de mardi, il n’a pas encore été décidé si les cantons de montagne organiseraient le référendum cantonal contre la variante du Conseil national. Pour un référendum cantonal, la contribution de huit cantons est requise. Il n’y a eu qu’un seul référendum cantonal dans l’histoire – en 2003. À l’époque aussi, il s’agissait d’une réforme fiscale qui prévoyait entre autres des allègements pour les propriétaires. Ce paquet fiscal a clairement échoué lors des élections de 2004.

 
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