Trois professeurs seront entendus comme témoins par la cour d’assises spéciale de Paris mardi et deux autres mercredi 13 novembre. Précisément les deux professeurs qui s’étaient désolidarisés de Samuel Paty suite à son cours sur les caricatures, lorsqu’il avait suggéré à des élèves qui pourraient être choqués quitter la classe. Ces enseignants avaient exprimé leur désaccord, quelques jours avant le 16 octobre 2020.
« Sa méthode a brisé le lien de confiance avec les familles »
Les deux professeurs ne contestaient pas le cours lui-même et les caricatures, mais le fait d’avoir écarté des élèves. En réponse à un mail de la proviseure du collège qui demandait à son équipe de se solidariser avec Samuel Paty, menacé par un parent, une enseignante de français a d’abord écrit : « Sa méthode a brisé le lien de confiance avec les familles qui mettent leurs enfants sous les yeux du public. » Et un professeur d’histoire a ajouté : « Nous n’avons pas le droit de demander à des élèves de quitter une classe en fonction de leurs origines ou de leurs opinions. C’est une manière de faire apparaître la laïcité comme une forme d’intolérance.» Samuel Paty confiait peu avant sa mort qu’il se sentait soutenu par la majorité de ses collègues, mais qu’il était en colère contre ceux qui s’étaient détachés.
Ces témoignages permettront surtout d’avoir la version des faits de ces deux enseignants. Le professeur d’histoire a été à son tour menacé de mort, accusé de ne pas avoir soutenu son collègue. Il a dû quitter le collège rapidement en novembre 2020. Il enseigne dans un autre établissement.
Il nie avoir fait part de son désaccord à ses élèves de 3e, dont certains ont aidé le terroriste à repérer Samuel Paty à sa sortie d’école. Mais la question n’est plus là, les étudiants ont été jugés et condamnés l’année dernière. C’est la Défense de l’islamiste Abdelhakim Sefrioui qui a demandé que ces deux professeurs soient entendus. Les avocats chercheront sans doute à minimiser le rôle du prédicateur dans la démarche en montrant que la controverse existait déjà.
