Les groupes de besoins au collège, mis en place cette année en 6e et 5e, ne seront que partiellement étendus l’année prochaine en 4e et 3e, avec « une heure par semaine, soit en mathématiques, soit en français »» a annoncé la ministre de l’Éducation nationale Anne Genetet, mardi 12 novembre, en dévoilant « l’acte 2 du choc des savoirs ».
A l’origine, ce système, très critiqué par une partie de la communauté éducative, devait être étendu l’année prochaine aux classes de 4e et de 3e. À ce jour, les solutions trouvées dans les établissements varient grandement d’un collège à l’autre.
Dans ce petit collège rural de Haute-Loire, les élèves des deux classes de 6e et de deux classes de 5e ont à chaque fois été répartis en trois groupes pour les mathématiques et les heures de français et ils sont peu nombreux, car le professeur de français enseigne les dix les étudiants les plus en difficulté. « Ce sont des étudiants à qui j’ai proposé un travail adapté, accessible. J’ai proposé à ces élèves de 12 ans un texte que les éditeurs classent pour les 6 à 8 ans”dit-elle à franceinfo.
Difficile, pour l’instant, de constater de réels progrès sur les compétences, mais au moins elles sont plus actives, se félicite l’enseignant : «Ils sont au travail ! C’est déjà énorme pour ces étudiants autrefois si passifs. Ils ne peuvent plus se cacher derrière la participation active et dynamique du chef de classe.« .
“Ils se sentent plus en confiance et c’est aussi très encourageant d’avoir la possibilité de pouvoir passer d’un groupe à l’autre.”
Un professeur de françaissur franceinfo
Un premier bilan plutôt positif donc pour ce professeur… qui évoque encore un «énorme« un travail supplémentaire pour se mettre d’accord avec les autres professeurs et avancer en même temps. Elle sait aussi très bien que son opinion est loin d’être majoritaire dans le milieu éducatif.
Enseignante dans un collège lyonnais, Claire Piolti-Lamorthe préside, quant à elle, l’association des professeurs de mathématiques. Selon elle, 10 à 20 % des collèges n’ont tout simplement pas constitué de groupes et ne voient que des points négatifs à ces systèmes. « C’est vraiment la complexité des horaires avec les conditions d’apprentissage des élèves qui est la moins pertinente. C’est difficile de faire des projets de classe avec une autre discipline »elle pointe du doigt.
« Les relations avec les familles peuvent aussi parfois être compliquées lorsqu’il s’agit de choisir le groupe pour leur enfant. Et puis, on a vraiment des difficultés importantes pour suivre les étudiants.»
Claire Piolti-Lamorthesur franceinfo
Du côté des chefs d’établissement, le scepticisme est également de mise. “Je ne suis pas convaincu à ce stade.”confie Aurore Métenier, directrice d’une école à Paris et membre du syndicat SNPDEN.
Si certains collèges ont bénéficié de ressources supplémentaires pour créer ces groupes, ce n’est pas le cas de cet établissement. « Pas de moyens supplémentaires de la part du rectorat, nous avons donc été obligés de réduire les projets. Ce n’est pas si simple »assure-t-elle. Après deux mois et demi de mise en œuvre, ces groupes se heurtent toujours à une forte hostilité.