“La question de la parentalité est au cœur de tous mes

“La question de la parentalité est au cœur de tous mes
“La question de la parentalité est au cœur de tous mes films”

UNAu volant de son taxi, un Français surnommé Jay (Romain Duris) sillonne chaque jour les rues de Tokyo. Dans l’espoir de retrouver sa fille Lily (Mei Cirne-Masuki), qu’il n’a pas revue depuis sa séparation il y a neuf ans d’avec sa mère. Alors qu’il s’apprête à abandonner et à rentrer en , une adolescente monte dans son taxi…

Dans « Keeper », son premier film, le franco-belge Guillaume Senez mettait en scène une lycéenne tombée enceinte de son jeune amant. En 2018, « Nos combats » racontait le quotidien d’Olivier (Romain Duris, déjà) et de ses deux enfants, après la disparition brutale de leur mère. Avec autant de délicatesse que beaucoup de tact, « A Missing Part » complète une trilogie sur la parentalité. Co-écrit avec Jean Denizot, le film expose le « principe de continuité » en vigueur depuis cent cinquante ans au Japon : en cas de séparation, la justice ne reconnaît ni garde partagée ni droit de visite. Et le premier parent qui accueille l’enfant chez lui obtient instantanément la garde exclusive.

Rencontre avec Guillaume Senez.


Guillaume Senez : « Dès que nous avons entendu parler de cette histoire, Romain Duris et moi avons senti que c’était une évidence : il fallait en faire un film. »

Guillaume Perret

Quelque 150 000 enfants (soit un mineur sur six) sont enlevés chaque année au Japon et perdent tout contact avec l’un de leurs parents.

Comment est née l’histoire de « A Missing Part » ?

J’étais avec Romain Duris au Japon pour la sortie de “Nos Batailles” lorsque je suis tombé sur cette disposition légale dont je ne connaissais rien et qui touche tant de monde : quelque 150 000 enfants (soit un mineur sur six) sont enlevés chaque année au Japon. et perdent tout contact avec l’un de leurs parents. En 2022, nous avons suivi une manifestation à Tokyo contre les enlèvements d’enfants, et avons compris qu’elle concernait les expatriés, mais surtout les Japonais, autant d’hommes que de femmes… Leur désarroi est tel que certains, parmi ceux que nous avons rencontrés, se sont appropriés le film et ont vu comme une adaptation cinématographique de leur histoire personnelle. Mais il s’agit bien d’un film de fiction, « inspiré de faits réels rendus publics » comme il est indiqué au début.

Ce problème reste peu connu en France. Comment l’expliquez-vous ?

C’est à la fois simple et complexe, comme c’est souvent le cas au Japon. L’idée est de préserver la stabilité, non pas mentale mais physique et matérielle, de l’enfant. Cette disposition existe depuis des siècles pour une raison très simple : l’État, très conservateur, ne veut pas que les gens divorcent. Et refuse de s’immiscer dans les affaires familiales. Les expatriés qui découvrent cela au moment d’une séparation sont souvent étonnés. Et c’est très violent. Depuis la ratification de la Convention de La Haye, le Japon est censé accepter la garde partagée mais en réalité, rien ne change et la police n’intervient jamais en faveur de l’autre parent. Votée en mai dernier, une loi – plus équitable – doit entrer en vigueur dans deux ans, mais chacun sait déjà qu’elle ne changera pas grand-chose dans la pratique.

L’histoire est aussi celle d’un immigré, d’un Français à l’étranger.

Les sur des peuples d’Afrique ou de pays de l’Est qui relèvent le défi de l’intégration sont si nombreux qu’on n’en reçoit parfois plus. C’est comme le sans-abri que l’on croise tous les jours dans son quartier et que l’on finit par ne plus voir. Prendre le point de vue inverse, avec un Français dans le rôle de l’immigré, permet de montrer que, que l’on soit au Japon, en Belgique ou aux Etats-Unis, le problème du racisme latent est le même. C’est un sous-thème qui apparaît implicitement. On voit aussi arriver le personnage de cette Française, interprétée par Judith Chemla, qui ne parle pas japonais et découvre une terrible réalité. Elle va vivre ce que Jay vit depuis neuf ans.

La question de la parentalité est au cœur de tous mes films. Et presque malgré moi, ils sont tous construits autour d’un personnage masculin, un type un peu agaçant, avec des faiblesses et une zone d’ombre, et dont la trajectoire sera influencée par des personnages féminins.


Romain Duris « s’est impliqué très tôt dans la démarche pendant longtemps, a commencé très tôt à travailler son japonais ».

Pelléas Films / Versus Production

Dans quelle mesure Romain Duris a-t-il été impliqué dans la création du film ?

Dès que nous avons entendu parler de cette histoire, Romain et moi avons senti qu’il était évident qu’il fallait en faire un film. De retour à Bruxelles, il m’a orienté vers un article de « Paris Match » et un reportage de « Envoyé Spécial »… Très vite, nous lui avons envoyé plusieurs versions du scénario et il m’a fait un retour. Il s’est impliqué très tôt dans le processus pendant longtemps, a commencé très tôt à travailler son japonais. Je suis une personne très fidèle. Si je donne ma confiance, c’est pour la vie. A l’inverse, si je ne m’entends pas bien humainement avec une personne, je ne peux pas envisager de travailler avec elle. Ce doit être quelqu’un avec qui je pourrais partir en vacances, manger au restaurant et aller dans les bars le soir. C’est comme ça avec tous mes collègues.

« Une pièce manquante » de Guillaume Senez, avec Romain Duris et Judith Chemla. Durée : 1 heure 38 minutes. En salles le 13 novembre.

 
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