avec des bateaux de plus en plus rapides, la question de la sécurité des skippers n’a jamais été aussi présente

avec des bateaux de plus en plus rapides, la question de la sécurité des skippers n’a jamais été aussi présente
avec des bateaux de plus en plus rapides, la question de la sécurité des skippers n’a jamais été aussi présente

Au port des Sables d’Olonne (Vendée), les bateaux au départ du prochain Vendée Globe sont tous plus impressionnants les uns que les autres. En quatre ans depuis la dernière édition, les évolutions technologiques ont franchi une nouvelle étape, rendant les Imocas à foils (volant sur l’eau) encore plus rapides, repoussant ainsi les limites atteintes jusqu’alors. Mais cette recherche de vitesse empiète sur la sécurité des marins à bord, exposés à des chocs plus violents.. « Dans certaines conditions de mer, il peut arriver que le bateau attrape une vague et s’enfonce dedans, ce qui provoque une décélération. Et quand on passe de 50 km/h à zéro en une seconde, il faut être prêt à gérer ce genre de situation. explique Antoine Mermod, le président de la classe Imoca.

“Depuis l’existence des foils, nous avons observé de nouvelles pathologies que nous n’avions pas auparavant, comme les commotions cérébrales et traumatisme au niveau du ventre ou de l’abdomen suite à des impacts avec la colonne centrale, note Laure Jacolot, médecin de course. La décélération des bateaux génère [en cas de choc] ce que nous appelons la cinétique des lésions (lésions internes)qui sont des pathologies spécifiques telles que celles que l’on peut rencontrer lors d’un accident de la route.

Charlie Dalin fait partie des skippers à en avoir fait les frais. En mai 2023, sur l’Ocean Race, il subit une violente chute à bord, entraînant une commotion cérébrale. En une fraction de seconde, le bateau est passé de 29 à deux nœuds, soit une décélération de 27 nœuds (l’équivalent de 50 km/h). « Cet accident m’a fait peur car j’étais au milieu de l’océan Atlantique et il était impossible d’évacuer. Pendant les 12 heures qui ont suivi, j’avais peur d’avoir une hémorragie cérébrale”, se souvient le marin, qui faisait partie de l’équipage lors de cet accident.

« C’est un nouveau risque car les bateaux vont de plus en plus vite. Depuis deux ans, la prise de conscience est généralisée, et on essaie de mettre des choses en place pour limiter les risques, même si le risque zéro n’existe pas. n’existe pas. »

Charlie Dalin, skipper de l’assurance maladie Imoca Macif

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Le cas de Charlie Dalin n’est pas isolé. Quelques mois après lui, Sébastien Simon a également subi une commotion cérébrale lors du retour à la base, et a dû suivre une période de convalescence pour se remettre sur pied. On peut également citer le cas de Samantha Davies, qui, lors du Vendée Globe 2020, a violemment percuté un Ofni (un objet flottant non identifié) et a été projetée à l’intérieur de son Imoca. Le skipper s’en est sorti avec des côtes cassées et un quasi-traumatisme. “d’un accident de la route”. « Les modèles mathématiques estiment le risque de collision à un tous les 4 000 milles marins. Sur un Vendée Globe (24 300 milles marins de distance théorique, soit 45 000 kilomètres)ce n’est pas rien”, soutient la médecin de course, Laure Jacolot.

Depuis l’édition 2021, la classe Imoca rend obligatoire le port du casque à bord. « Je l’enfile à chaque fois que je vais à l’avant du bateau ou dans les secteurs rapides. Depuis le Vendée Globe 2020, je prends vraiment cette question très au sérieux », glisse Charlie Dalin, celui qui navigue sur l’un des bateaux les plus rapides de la flotte. Le port du casque est toutefois limité. « Dans un match de 90 minutes, vous pouvez porter un casque en permanence. Quand on est marin, en tour du monde, il n’est pas possible de porter un casque pendant 3-4 mois non-stop », admet le médecin.

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Charlie Dalin, à bord de son Imoca Macif, au large de Lorient (Morbihan), le 22 avril 2024. (SÉBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP)

La direction de course a également mis en place une zone de protection des mammifères, afin de limiter les risques de collision. Certains sont interdits aux skippers, d’autres doivent être franchis avec vigilance. UN bouton de danger a également été ajouté à bord. Il permet de signaler un événement dangereux, et l’alerte sera enregistrée dans une base de données commune.

Des caméras infrarouges et thermiques, qui permettent de voir devant le bateau, alertent également le marin en cas de présence inhabituelle. Enfin, les marins ont également à leur disposition pingersun outil qui envoie des signaux sonores censés alerter les mammifères marins de leur présence. « Si nous commençons à faire de bons progrès dans la détection de tout cela qui est au niveau ou au-dessus de l’eau, nous ne disposons pas encore de capteurs capables de détecter ce qu’il y a sous l’eau », nuancer Antoine Mermod.

Autre nouveauté en 2024 : l’introduction d’un « protocole de crise médicale » en cas de commotion cérébrale, sous réserve toutefois de l’autorisation du skipper. “[Les symptômes vont] depuis des signes bénins tels que des maux de tête ou des difficultés de concentration, jusqu’à une incapacité à évaluer la gravité de la situation, qui peut vous mettre en danger”, explique le médecin de course. Une fois la commotion cérébrale identifiée par l’équipe médicale (en plus d’un comportement inhabituel du skipper), le team manager, la direction de course, le staff médical et la famille peuvent inciter le marin à passer partiellement ou complètement en mode non-fonctionnement.

Par ailleurs, le docteur Laure Jacolot a recommandé aux skippers de s’engager dans une préparation physique ciblée, avec un gain de masse musculaire au niveau du cou, pour réduire l’impact des décélérations au niveau cervical. “Nous les incitons également à adapter leur espace de vie, en limitant l’espace, pour qu’en cas de projection, celui-ci soit moins appréciable. continue-t-elle.

Un problème pris au sérieux par les skippers qui, pour beaucoup, ont repensé l’ergonomie de leur bateau. Louis Burton a entièrement refit son bateau, construit pour l’édition 2020 et acheté à Armel Tripon. Le skipper de Bureau Vallée s’est fait installer un siège baquet à mémoire de forme avec support pour la tête. La bulle du cockpit a été déformée pour agrandir son champ de vision. Des mains courantes pour le support ont été installées “partout” et chaque bord a été moussé pour absorber les chocs.

« Je suis équipé d’une combinaison à protection intégrée, d’un casque en plastique pour les interventions sur le bateau et d’un casque rugby que je peux porter au quotidien.

Louis Burton, skipper de Bureau Vallée

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La disposition est similaire chez Charlie Dalin. « Le cockpit est très compact pour que la chute soit moindre en cas de choc. J’ai une ceinture de sécurité sur le siège de ma table à cartes, qui me retient en cas de décélération importante. J’ai tout au même endroit : sans bouger, je peux cuisiner, me reposer, suivre ma navigation. Nous avons également veillé à ce qu’il n’y ait pas d’angles vifs. (pointu ou pointu)“, énumère le skipper, qui a terminé deuxième en 2020.

Malgré ce constat, pas question de renoncer à la vitesse, croit-on dans les allées du Vendée Globe. « Comme dans tous les sports extrêmes, il faut se préparer en conséquence et savoir si on le souhaite. On s’éloigne des aspects historiques de la course au large, avec les vieux loups de mer, l’imperméable et l’absence de communication. C’est quand même cool d’aller plus vite. sourit Louis Burton qui vise mieux que sa troisième place en 2020. “Nous sommes dans une compétition donc plus je vais vite, plus je suis heureux” il rit.

Un avis que ne partage pas Jean Le Cam. Derrière ses 65 ans et cinq Vendée Globes, le doyen de la 10e édition ne mâche pas ses mots. “En inventant la vitesse, l’homme a inventé l’accident, dit-il. Avec des filets et des casques, on ne résout pas le problème mais la conséquence. Ce n’est pas le moment de remettre en question le progrès technologique. A mon avis, o“Nous franchissons la ligne rouge.” Jean Le Cam, comme Eric Bellion, a également choisi de débuter avec un bateau à dérives et non à foil, donc plus lent. « À notre avis, le vol est un choix extrême pour le bateau, a estimé Éric Bellion. Plus le bateau accélère, plus les chocs sont violents en cas d’arrêt brutal, et plus vous cassez de matériel. EC’est la même chose pour le skipper.

Si pour l’instant aucun cas d’accident grave n’a été déploré sur le Vendée Globeles organisateurs espèrent que les mesures prises seront suffisantes. « Nous sommes encore dans une phase de transition, et j’imagine que les bateaux seront encore plus adaptés sur ce sujet en 2028. » Laure Jacolot se projette. Car pour le moment, l’heure n’est pas au ralentissement technologique.

 
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