Un nouveau front juridique s’ouvre dans le cas de l’Androcur, cette pilule miracle prescrite depuis des années pour traiter l’endométriose, l’acné, la chute des cheveux ou encore comme moyen de contraception, mais à l’origine de tumeurs cérébrales (méningiomes) chez des centaines de femmes. Selon les informations de Mondeune plainte contre Elle vise cinq infractions pénales : administration d’une substance nocive, atteinte involontaire à la personne, mise en danger d’autrui, non-déclaration d’un effet indésirable, tromperie aggravée.
« La gravité des situations médicales et le nombre de victimes justifient que le parquet du tribunal judiciaire de Paris ouvre une information judiciaire et organise un grand procès pour les victimes d’Androcur »estime Charles Joseph-Oudin, l’avocat d’Amaeva, qui compte aujourd’hui plus de 1 000 adhérents. Dans son bureau, une salle est dédiée à chaque grand scandale sanitaire lié au médicament : Mediator, Dépakine et déjà 250 dossiers pour Androcur. Plusieurs plaintes sont prêtes à être déposées après celle d’Amavea, toujours au pénal, mais à titre individuel, par des victimes d’Androcur et d’autres progestatifs.
Ils racontent tous les mêmes histoires. Gynécologues ou endocrinologues qui prescrivent le médicament sans alerter les patients du risque de méningiome, de l’apparition de symptômes (maux de tête, problèmes de vision…), de la découverte de tumeurs suite à une IRM cérébrale, d’une intervention chirurgicale risquée pour enlever des tumeurs, de séquelles invalidantes (fatigue, maux de tête, perte de vision) ou auditive, troubles neurocognitifs, épilepsie, etc.) plusieurs années après l’opération.
Alertes précoces
Quelque 2 578 femmes ont été opérées d’un méningiome dû à la prise d’un médicament progestatif entre 2009 et 2018 selon les données officielles des études de pharmacoépidémiologie menées par Epi-Phare, structure créée fin 2018 par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. (ANSM) et la Caisse Nationale d’Assurance Maladie. Le lien de causalité entre la prise d’Androcur et les troubles développés par les victimes a déjà été établi dans une trentaine d’expertises judiciaires. À chaque fois, ils remettent en cause la réaction tardive du laboratoire et des autorités sanitaires, malgré les alertes précoces, à informer correctement les patients et les prescripteurs des risques de méningiome liés à la prise d’Androcur.
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