La Vengeance du Chevalier de Saint-Georges sur Le Figaro

La Vengeance du Chevalier de Saint-Georges sur Le Figaro
La Vengeance du Chevalier de Saint-Georges sur Le Figaro TV

Un documentaire réhabilite Joseph Bologne, musicien virtuose et esprit libéral oublié après la Révolution.

Le destin du Chevalier de Saint-George (1739-1799) fait penser à un roman. Hollywood, friand de héros fidèles aux canons de notre époque, l’a bien compris et en a fait un film, Chevalier, sorti en 2022. Fils d’esclave et escrimeur de haut vol, compositeur doué et vaillant soldat, homme de cour et d’esprit, ce personnage incarne à sa manière le siècle des Lumières, ses possibilités et ses défauts. Ce documentaire permet de comprendre pourquoi, notamment grâce aux longues interventions (les auteurs étaient visiblement en colère contre le principe du montage) d’Alain Guédé, ancien journaliste à Canard enchaînébiographe de Saint-Georges et chef de ses thurifères.

Fils d’un aristocrate et d’une esclave nommée Nanon, Joseph Bologne de Saint-George est né en 1745 en Guadeloupe. Avec deux atouts essentiels : il était riche, il était beau. Son père influent, à leur retour des Antilles, décide de l’élever comme un prince. Les cours d’équitation complètent les cours d’escrime. L’enfant lâche parfois le fleuret pour ramasser un archet, et apprend la . « En lui offrant une telle éducation, le comte de Bologne a amené cette enfant face à la noblesse française et l’a obligée à l’accueillir. »summarizes Alain Guédé.

Le chevalier devient un épéiste hors pair. Ses prouesses l’ont amené à voyager en Europe. Cet exact contemporain de Haydn écrivait de la musique à la même époque et, après une bataille perdue d’avance, en faisait sa principale occupation. Ses œuvres et sa virtuosité lui valent une notoriété qui dépasse celle d’un Autrichien nommé Mozart. Leur postérité empruntera des chemins contraires.

Ambassadeur des Lumières

Proche du futur régicide Louis-Philippe d’Orléans, Saint-George embrasse les idées des Lumières et en devient l’ambassadeur outre-Manche. Des séquences biographiques riches, qui auraient pu être mieux illustrées à l’écran. Cet ancien confident de Marie-Antoinette devient officier de la Garde nationale pendant la période révolutionnaire. Il repousse l’attaque du général français Dumouriez, soutenu par la coalition européenne, contre la ville de Lille, en 1793. Les idées libérales ne peuvent que séduire ce monsieur cultivé et franc-maçon, qui a fini par souffrir d’être un « mulâtre », à utilisez l’expression de l’époque. Il avait été exclu, à l’époque de Louis XVI, de la direction de l’Académie Royale de Musique en raison de la couleur de sa peau.

Après l’arrivée au pouvoir de Bonaparte, qui rétablit l’esclavage en 1802, le nom de Saint-Georges, décédé en 1799, disparaît des conversations. Son biographe parle d’un « apartheid » qui dura deux siècles, jusqu’à ce que concerts et honneurs officiels lui rendent à nouveau hommage. Le terme n’est pas approprié, mais ses œuvres, il est vrai, n’ont été redécouvertes et appréciées que tardivement.

D’ailleurs, que valent-ils ? C’était sans doute là la question essentielle. Les multiples morceaux entendus au cours du documentaire, interprétés notamment par Julien Chauvin et Le Concert de la Loge, permettent de mesurer les qualités mélodiques de ce compositeur, qui n’était peut-être pas le « Mozart noir » que l’on a souvent vanté. , mais un musicien talentueux. Figure romantique de la Révolution et esprit libre de son siècle.

 
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