Marine Le Pen revient aux commandes, cette fois en tant qu’ancienne dirigeante du Front national. Après un mois de procès, elle doit s’expliquer mardi 5 novembre lors d’un ultime interrogatoire sur le “système» mis en place, selon l’accusation, pour rémunérer les employés du parti avec l’argent du Parlement européen.
A l’ouverture de l’audience vers 14h00, la leader de l’extrême droite, vêtue d’un costume noir et de bottes, s’est assise comme à son habitude au premier rang pour écouter la suite de l’interrogatoire de son compère. -prévint Wallerand de Saint-Just. Le sien débutera plus tard dans l’après-midi.
Interrogatoire après interrogatoire, contrat par contrat, le tribunal correctionnel de Paris décortique ce fameux «système» – le mot met Marine Le Pen hors d’elle – ce qui aurait permis au Rassemblement national (ex-FN) de « soulager les finances » du parti entre 2004 et 2016.
Selon l’accusation, le FN aurait utilisé les enveloppes (21 000 euros par mois) auxquelles avaient droit les députés européens, pour rémunérer les assistants parlementaires.fictif« Je travaille actuellement pour le parti.
Lors de son premier interrogatoire à la mi-octobre, Mme Le Pen a juré que les assistants parlementaires qu’elle avait engagés en tant qu’eurodéputé avaient bien travaillé pour elle, répétant qu’elle n’avait rien fait de mal.illégal» – comme les huit autres anciens députés frontistes et douze de leurs assistants parlementaires, jugés à ses côtés pour détournement de fonds publics et recel de ce délit.
La triple candidate à la présidentielle va désormais être interrogée sous sa seconde”capuchon», présidente du parti, dont elle a pris la tête après son père Jean-Marie Le Pen en 2011, cette fois pour répondre de complicité de détournement de fonds publics.
Celui qui était “l’un des principaux responsables du système“, selon les enquêteurs, a jusqu’à présent maintenu au bar avoir “suggéré” – plus “jamais imposé” – d’assistant parlementaire à personne.
“Marine sait tout ça…”
De loin la plus fréquente aux audiences – elle y était jusqu’à 22h45 lundi soir – Marine Le Pen ronge son frein, commentant que «ridicules“, “lunaire“les questions des magistrats à chacun des prévenus sur ces emails demandant”se déplacer“, “transfert« un tel assistant parlementaire »sur“un tel député européen, pour”vide« les enveloppes de chaque député.
“J’analyse un budget, je ne sais pas qui sont les assistants parlementaires et ce qu’ils font. Si mon patron me dit de faire quelque chose…», a déclaré Charles Van Houtte lundi, «cheville ouvrière » de “système de gestion centralisé» selon le parquet.
Marine Le Pen, qui risque une peine de prison, une forte amende et surtout une peine d’inéligibilité qui pourraient entraver ses ambitions présidentielles, devrait notamment être interrogée sur deux meetings à l’été 2014, à Bruxelles puis à Strasbourg. Selon plusieurs témoignages, elle aurait annoncé aux nouveaux députés européens qu’ils n’auraient droit qu’à un seul assistant parlementaire, et que le reste de leur enveloppe serait destiné au Front national.
“Ce que nous demande Marine (Le Pen) équivaut à ce que nous signons pour des emplois fictifs”, » écrit peu après un député européen réfractaire au trésorier du parti, Wallerand de Saint-Just.
« Je comprends les raisons de Marine, mais nous allons être excités car nous allons certainement étudier de près nos usages avec un si grand groupe.(23 députés contre 3 auparavant), a-t-il également relevé. « Je crois que Marine sait tout ça… », répondit Wallerand de Saint-Just.
« Quelles sont vos observations sur cet email ?», lui a demandé lundi la présidente Bénédicte de Perthuis, commençant à l’interroger. «Je me dis c’est quoi cette histoire, qu’est-ce qu’il me raconte. Je lui réponds sept mots qui sont en fait la démonstration – je vais être impoli – qu’il s’en fout, et je le renvoie.a expliqué l’ancien avocat historique du parti, sous l’œil dubitatif du tribunal.
“Il n’est pas nécessaire de me croire mais je suis convaincu que Marine Le Pen n’aurait jamais proposé quelque chose d’illégal aux députés qui viennent d’être élus.”
Quelques jours avant cet échange de mails, il avait écrit à sa patronne, pour l’alerter sur les dépenses qui tendaient à “glisser”. Et prévenu : “Nous ne parviendrons à surmonter cette épreuve que si nous économisons de l’argent grâce au Parlement européen.”