Évidemment, les candidats n’ont qu’à remporter les États charnières pour l’emporter. Mais plus facile à dire qu’à faire. D’autant plus qu’il n’est pas forcément nécessaire de tous les gagner. Ainsi, avec ses 226 voix acquises ou pour, Kamala Harris n’a besoin que de 44 voix supplémentaires. Et elle n’a pu s’en sortir en gagnant que trois des sept swing states, ceux qui appartiennent à la « ceinture de la rouille », puisqu’ils étaient le cœur de l’industrie manufacturière américaine : le Wisconsin, le Michigan et la Pennsylvanie. Ce sont les trois États swing situés dans le nord des États-Unis sur notre carte.
Comme le rappelle la BBC, ces États ont toujours voté démocrate depuis 1992 jusqu’à l’arrivée de Donald Trump en 2016. Et cette année-là, Donald Trump les a tous remportés. Joe Biden a repris le contrôle de ces trois swing states en 2020. En remportant ces swing states, Kamala Harris gagnerait 44 grands électeurs en plus des 226 voix favorables ou acquises : elle serait alors élue présidente des États-Unis.
Par ricochet, Donald Trump doit remporter au moins une victoire sur trois pour rester dans la course. Et pour le Républicain, remporter ces trois Etats ne suffirait pas puisque l’addition de 44 et 219 le ramène à 263, en dessous des 270 voix nécessaires.
Le candidat républicain devrait alors se tourner vers la « ceinture solaire », située plus au sud : Nevada (6), Arizona (11), Caroline du Nord (16) et Géorgie (16). Là encore, Kamala Harris pourrait remporter les élections en gagnant dans ces quatre Étatsmais le scénario semble improbable : Les démocrates n’ont jamais remporté ces quatre États lors d’une même élection. Ces Etats sont traditionnellement plus favorables aux Républicains : Nixon, Reagan, Bush père et fils y ont tous bâti leurs victoires.
La particularité de ces quatre swing states est qu’ils abritent une importante population latino ou noire. Les démocrates ont supposé que ces communautés leur appartenaient automatiquement (Joe Biden a remporté 92 % des voix de la communauté afro-américaine en 2020), mais Donald Trump en a surpris plus d’un en réalisant de très bons scores dans ces communautés lors des deux dernières élections.
Problème pour Donald Trump : s’il remporte ces quatre États « ceinture solaire », cela ne suffirait toujours pas pour atteindre 270 voixil devrait encore remporter l’un des trois Etats clés situés plus au nord (Wisconsin, Michigan et Pennsylvanie).
Et pour simplifier le tout, revenons à deux Etats où le système du « vainqueur remporte tout » ne s’applique pas :
- Nebraska qui attribue 5 électeurs répartis en quatre collèges électoraux : l’État lui-même (2 électeurs) + trois « districts » (1 électeur par district). Si l’État et les Districts 1 et 3 sont considérés pour Donald Trump, le District 2 est favorable à Kamala Harris et pourrait lui offrir un électeur majeur supplémentaire.
- Le Maine répartit 4 électeurs en trois collèges électoraux : l’État lui-même (2 électeurs) + deux « districts » (1 électeur par district). L’État est favorable à Kamala Harris, le district 2 lui appartient, mais le district 1 serait favorable à Donald Trump et pourrait lui apporter un électeur majeur supplémentaire.
Toutes ces données font de cette élection l’une des plus imprévisibles de l’histoire américaine.
Si les sondages sous-estimaient le vote de Trump comme en 2016 ou 2020, l’ancien président pourrait remporter tous les swing states et même un ou deux autres États considérés comme favorables à Kamala Harris, écrivent les analystes de la BBC. A l’inverse, si la participation est supérieure à celle annoncée par les sondeurs, Kamala Harris pourrait devenir la première femme présidente des États-Unis.