TRIBUNE – A l’occasion de la Journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, Gabriel Attal a fondé l’association « Faire face », avec Elian Potier et Béatrice Le Blay, mère de Nicolas, un élève harcelé qui s’est suicidé en septembre 2023.
Gabriel Attal est un ancien premier ministre et actuel député (Ensemble) des Hauts-de-Seine. Béatrice Le Blay est la mère de Nicolas, qui s’est suicidé en septembre 2023 suite à un harcèlement scolaire. Elian Potier est le fondateur d’Urgence harcèlement. Tous trois sont co-présidents de l’association Facing Harassment.
Le harcèlement scolaire est une tragédie silencieuse, qui laisse de profondes cicatrices, déchire des destins et brise des vies. L’intimidation est une tragédie de masse. Un million d’étudiants en ont été victimes ces trois dernières années. Au collège, on estime qu’il y a au moins deux enfants victimes de harcèlement dans chaque classe. Ces chiffres font froid dans le dos, et le pire, c’est qu’ils sont probablement sous-estimés.
Mais ce qui est encore plus effrayant, c’est de connaître le quotidien de ces jeunes. Car le harcèlement est avant tout pour eux un drame. Un drame quotidien, qui les mine et les détruit. C’est de la moquerie, du harcèlement, de la violence. C’est un ostracisme qui détruit leurs rêves et leur confiance. C’est un cauchemar à l’école, au sport et, avec les réseaux sociaux, un cauchemar sans fin qui les suit jusque dans leur chambre.
Il ne s’agit pas là d’un enfantillage, comme d’un passage obligé. Cette tragédie a des conséquences : des centaines de milliers d’enfants dont la jeunesse a été volée, l’abandon scolaire, la marginalisation, la dépression et parfois l’irréparable. Comme Nicolas, qui a mis fin à ses jours en septembre 2023. Comme tant de jeunes, dont les noms sonnent comme des drames, des souffrances et des échecs. Comme tant de victimes innocentes mortes du harcèlement.
Disons-le clairement : aucun enfant n’est en sécurité. Le harcèlement peut frapper dans toutes les classes, tous les établissements, toutes les familles. Nous sommes égaux face à cette tragédie et nous refusons de rester impassibles. Ces dernières années ont été l’occasion de prendre conscience : il est temps de redoubler d’efforts. Car la façon dont nous luttons contre ce phénomène qui touche nos enfants et nos jeunes dans leur chair, en dit long sur la société que nous voulons construire. Une société de conflit ou de fraternité ? Une société de violence ou de bien-être et de bienveillance ?
Nous travaillerons avec des chercheurs, des psychologues et des éducateurs pour mieux comprendre les causes du harcèlement et y répondre toujours plus efficacement.
Gabriel Attal, Béatrice Le Blay and Elian Potier
C’est pourquoi, à l’occasion de la Journée nationale contre le harcèlement scolaire, nous lançons l’association « Faire face » et nous lançons un message, un appel aussi urgent que nécessaire : agissons. Agissons avec force. Agissons sans relâche. N’épargnons aucun effort contre le harcèlement. Agissons pour les victimes. Agissons pour notre école. Agissons pour nos enfants et nos jeunes. Seule la mobilisation de tous permettra de gagner le combat : tel est l’objectif de « Face ». Nous en sommes convaincus ; l’électrochoc a commencé.
Notre première mission : alerter, toujours et encore. La prise de conscience est le premier pas vers le changement. Notre association contactera en permanence les jeunes mais aussi les parents pour informer, échanger et faire comprendre. Détectez, alors. Le meilleur allié du harcèlement est le silence. Grâce à des ateliers, des campagnes d’information et des ressources accessibles à tous, nous aiderons les familles à reconnaître les signes de harcèlement et à agir rapidement.
Accompagner, bien sûr. Les familles se sentent souvent perdues face à la détresse de leur enfant. Notre association accompagnera juridiquement et psychologiquement les familles sinistrées, car chacun a droit à un accompagnement de qualité. Enfin, cherchez et trouvez de nouvelles idées pour mieux comprendre les causes profondes du harcèlement et développer des solutions durables pour y mettre fin. Nous travaillerons avec des chercheurs, des psychologues et des éducateurs pour mieux comprendre les causes du harcèlement et y répondre toujours plus efficacement. Tels sont les objectifs et les fondements de notre association. Une association comme un appel à l’engagement. Comme un appel à l’union. Comme un appel à l’action pour tous : les familles, les enseignants, les associations et bien sûr les pouvoirs publics. Nous avons tous une partie de la réponse entre nos mains. Et c’est ensemble que nous pouvons faire face au harcèlement. Alors cette honte et cette peur changent finalement de camp.