« Ça ne sert à rien d’y aller si on s’endort à cause du décalage horaire, car on ne fera rien », déclare le ministre papou. ” Tous les grands pollueurs du monde promettent des millions de dollars pour lutter contre le changement climatique », note le ministre. ” Je peux déjà vous dire que tout cela sera confié à des consultants ». « Pourquoi dépensons-nous tout cet argent pour voyager à l’autre bout du monde pour assister à ces conférences ? » demande-t-il.
Justin Tkatchenko assure que sa position est applaudie par les autres nations du Pacifique. Ces États insulaires de basse altitude, comme Tuvalu et Kiribati, sont sérieusement menacés par une élévation même modérée du niveau de la mer. Bordée par l’océan, la Papouasie est considérée comme très vulnérable aux périls du changement climatique. En mai, un énorme glissement de terrain a englouti un village entier et enseveli plus de 2 000 personnes dans les hautes terres de la province d’Enga, dans le centre-est de la Nouvelle-Guinée.
« Aucune reconnaissance »
« Je parle au nom des petits États insulaires dont la situation est pire que celle de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Ils n’ont reçu aucune attention ni reconnaissance », dénonce Justin Tkatchenko. Rosanne Martyr, de l’institut Climate Analytics basé à Berlin, avait déjà déclaré fin août à l’AFP que des pays comme le Vanuatu, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et la Micronésie avaient déjà perdu « plus de 1% de leur PIB à cause de la montée des eaux ».
« La Papouasie-Nouvelle-Guinée cherchera plutôt à conclure ses propres accords sur le climat par le biais de négociations bilatérales », fait valoir Justin Tkatchenko, précisant que des négociations étaient déjà en cours avec d’autres nations de la région. ” Avec des pays partageant les mêmes idées comme Singapour, nous pouvons faire 100 fois plus que la COP », assure-t-il.
La Papouasie-Nouvelle-Guinée est l’un des cinq pays du Pacifique impliqués dans une affaire cruciale devant la Cour internationale de Justice, qui déterminera si les pollueurs peuvent être poursuivis en justice pour avoir négligé leurs obligations climatiques. L’île de Nouvelle-Guinée, dont l’État de Papouasie occupe la moitié orientale, abrite la troisième plus grande étendue de forêt tropicale de la planète, selon le Fonds mondial pour la nature.
La Papouasie-Nouvelle-Guinée possède de vastes réserves d’or, de cuivre, de nickel, de gaz naturel et de bois qui ont attiré les investissements de nombreuses multinationales, mais elle a un indice de développement moyen. ” Nous sommes la troisième plus grande nation forestière du monde. Nous aspirons les polluants de ces grands pays. Et ils s’en sortent », déplore le ministre. La population du pays a plus que doublé depuis 1980, augmentant la pression sur les terres et les ressources tout en exacerbant les rivalités tribales.
Une COP29 » miné par des influences inappropriées »
L’incertitude demeure quant au nombre de dirigeants internationaux attendus à Bakou. D’autant que le choix de l’Azerbaïdjan, autocratie exportatrice d’hydrocarbures, comme pays hôte de la prochaine COP avait déjà suscité des critiques. Ce jeudi, l’ONG Transparency International, dans un rapport, a souligné le « risqué » que cette COP soit « minée par des influences inappropriées des entreprises et accaparée par le secteur des combustibles fossiles ». « La corruption et la kleptocratie menacent également l’intégrité des conférences sur le climat, y compris la prochaine COP29 à Bakou ».
« L’Azerbaïdjan – avec son gouvernement autocratique, son vaste secteur des combustibles fossiles et son niveau élevé de corruption dans le secteur public – illustre clairement plusieurs risques pour l’intégrité des conférences de l’ONU sur le climat », prévient encore l’ONG. Le rapport critique également les liens entre présidence de la COP et de la société nationale des hydrocarbures, SOCAR, dont est notamment issu Mukhtar Babaev, président de la COP29.
COP29, décrite comme « financier », débutera six jours après l’élection présidentielle américaine. Son principal défi sera d’obtenir des pays riches les plus responsables du réchauffement climatique un engagement à augmenter substantiellement l’aide aux pays pauvres pour lutter contre le changement climatique. Mais pour Transparency International, « La COP29 est déjà utilisée pour promouvoir des entreprises liées à la famille dirigeante en Azerbaïdjan et à d’autres proches du régime. »
Le montant actuel de l’aide climatique, fixé à 100 milliards de dollars par an et qui expire en 2025, est considéré comme bien inférieur à ce qui est nécessaire. Le Réseau Action Climat, un collectif d’ONG, estimait récemment dans une lettre envoyée aux négociateurs qu’il faudrait « au moins un billion de dollars ».
Avec l’AFP