José Jordan / AFP
Un homme observe le niveau élevé de la rivière Turia suite aux inondations à Valence, dans l’est de l’Espagne, le 30 octobre 2024.
ESPAGNE – Une solution qui atteint ses limites. Si le sud-est de l’Espagne subit depuis mardi des inondations massives en raison de pluies torrentielles, la ville de Valence a été épargnée par les eaux. Un contraste étonnant, qui s’explique par un choix fait dans les années 1960 de détourner le fleuve qui traversait la ville, le Turia. Mais ce mouvement du fleuve, pensé à une époque où l’urbanisation et les événements climatiques extrêmes étaient moindres, montre aujourd’hui ses limites.
Cette déviation a été motivée par l’inondation catastrophique de 1957, lorsque des pluies torrentielles ont déversé 300 litres d’eau par mètre carré en 24 heures sur Valence, l’équivalent d’une année de pluie. La montée des eaux, qui a atteint jusqu’à 3 mètres dans certaines rues, a provoqué la mort d’au moins 81 personnes et la destruction de 1.700 maisons.
En réponse à cette tragédie, les autorités ont décidé de retirer le lit du Turia du centre de Valence et de remodeler complètement son tracé, en le déplaçant vers la limite sud de la ville. Le projet colossal fut approuvé en 1962 et les travaux furent achevés dix ans plus tard. Depuis les années 1970, plusieurs épisodes d’inondations ont été évités grâce à ces infrastructures, mais cette semaine le quartier de Pinedo, situé juste à côté de l’embouchure du nouveau lit de la rivière Turia, a été inondé de manière impressionnante, rapporte Le monde.
« La pire solution, c’est de vouloir canaliser les rivières. » Clément Gaillard, urbaniste spécialisé dans les projets bioclimatiques en Le Parisien.
“Quand on détourne les cours d’eau, c’est-à-dire qu’on essaie de les contrôler, on augmente la vitesse des écoulements, puisque lorsqu’une rivière est droite ou en forme de canal, l’eau coule bien plus vite que s’il y avait des méandres”, analyse Amandine Richaud, urbaniste spécialisée en environnement, sur franceinfo ce vendredi. En conséquence, cet écart entraîne “des torrents sur des zones qui devraient être des zones tampons pour absorber l’eau”, résume-t-elle.
« La pire solution, c’est de vouloir canaliser les rivières »dit aussi dans Le Parisien Clément Gaillard, urbaniste spécialisé dans les projets bioclimatiques.
Rendre les sols perméables pour éviter les inondations
Mieux vaut se tourner vers la renaturation des cours d’eau, et la mise en place de zones tampons dans les villes : bassins d’infiltration, jardins pluviaux, toits verts. Grâce à ces aménagements, l’eau ne s’écoulera pas et ne créera pas de puissants torrents comme c’est le cas actuellement dans la région de Valencia, mais s’infiltrera en profondeur dans le sol, ce qui limitera considérablement les inondations.
Construisez ce canal au sud de la ville, « C’était sans aucun doute une bonne idée à l’époque où dans cette partie de Valencia il n’y avait que des vergers qui constituaient l’interface entre la zone à risque d’inondation et le reste de la ville. Sauf qu’aujourd’hui, cette partie de la ville est totalement urbanisée. » underlines Clément Gaillard.
Selon ses calculs, en 55 ans, l’agglomération de Valence a détruit 9 000 hectares de vergers (presque la superficie de Paris) sous l’influence de l’urbanisation. Cependant, ces zones sont imperméables et donc plus facilement inondables.
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