Beaucoup d’émotion en début de semaine au cimetière du village, où l’accordéon Scandalli a rejoint son propriétaire décédé en 1962. Une volonté des petits-enfants Patricia Morand et Pascal Casanova de rendre hommage à leur grand-père Thomas Mariani qui avait un destin particulier : « Notre arrière-grand-mère Catherine Mariani, née dans le village de Moltifao (Corse)était veuve avec ses sept enfants à l’âge de vingt-six ans. Son mari est mort dans les tranchées..
Mais ce drame n’est que le premier : « Un prétendant du village voulait épouser mon arrière-grand-mère. Elle a rejeté ses avances et il l’a assassinée.
Déclaré pupille de la nation, Thomas Mariani quitte alors son village de Canavaggi “à l’âge de sept ans avec ses frères et sœurs cachés dans les cales d’un bateau”.
Cordonnier, armée et musique
A son arrivée à Toulon, le jeune a été accueilli par “une certaine Madame Marengo qui s’est occupée de lui”. Avec elle, « il a appris le métier de cordonnier, il a découvert la musique à l’oreille grâce à un artiste voyageur. Il écoutait un morceau de musique et le reproduisait avec son accordéon. Il avait un pitch parfait. Il s’engage dans l’armée où il acquiert le grade de caporal-chef et la spécialité de maître bottier. Il travaille un temps comme cordonnier dans le quartier des Routes, rue Pierre-Montaigne. détaille le petit-fils Pascal Casanova, professeur de lettres modernes, un enfant du hameau de Dardennes.
Mais la vie trépidante de Thomas Mariani ne fait que commencer : « Il partit également en Indochine où il avait avec lui dix ouvriers dans sa mission de maître bottier. Ma grand-mère Constance et lui vivaient dans les forges de Dardennes. Avec l’armée, il part au Maroc et en Algérie. “
De l’autre côté de la Méditerranée, Thomas confectionne des chaussures pour celui qui deviendra Hassan II, roi du Maroc : « Lors de leurs discussions, mon grand-père lui expliquait qu’il jouait de l’accordéon et qu’il jouait pour lui. C’est alors qu’il a eu la surprise de se voir offrir un bel accordéon qu’il a emporté chez lui, ici à Revest.
Il a fait danser le village
Avec cet instrument, le musicien faisait danser tout le village lors des fêtes de Sainte-Rose : “Avec le batteur, le banjo et lui à l’accordéon, ils ont formé le groupe Jazz Tom.” Puis vient la période de la guerre d’Algérie, « où il est resté là pendant de nombreuses années sans que personne ne sache où il se trouvait. Une période très difficile pour ma grand-mère.
Ce n’est que bien plus tard que la famille Mariani apprend le décès de Thomas, le 20 janvier 1964, à Marseille : “Son corps a été exhumé et réinhumé dans le petit cimetière du Revest, où son épouse l’a rejoint en 1971.”
Pascal Casanova conclut son récit : « J’ai grandi avec cet accordéon que personne ne devait toucher et que ma mère gardait jalousement. Avec ma sœur, nous avons chacune récupéré un bouton en nacre d’accordéon pour le porter en bracelet en hommage à notre grand-père.