Conformément à une promesse de campagne d’Anne Hidalgo, la mairie a publié ce jeudi un arrêté instaurant une zone de circulation limitée en centre-ville à partir du 4 novembre 2024.
Un pas de plus vers une ville moins orientée vers la voiture. La mairie de Paris a publié jeudi un arrêté instituant une zone à circulation limitée (ZTL) au cœur de Paris, qui entrera en vigueur lundi, selon l’adjoint écologiste chargé des transports à la mairie de Paris, David Belliard.
Cette zone d’environ 5,5 km² dans l’hypercentre de Paris ne sera plus autorisée aux véhicules de secours, aux bus, aux taxis, aux personnes à mobilité réduite, aux automobilistes qui y résident ou y travaillent et à toute circulation. “destination”, à savoir ceux dont les points de départ et d’arrivée sont dans le secteur, pour un rendez-vous médical, faire des courses, aller au cinéma… Exit donc les véhicules qui ne traverseraient que les quatre premiers arrondissements de la capitale.
« Libérer l’espace public » occupé par les voitures
Reportée à plusieurs reprises, la création de la ZTL est un engagement de campagne de la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo, destiné à « libérer l’espace public » occupés par des voitures et réduire la pollution. Des zones similaires existent déjà dans les quartiers centraux de plusieurs grandes villes européennes, dont Madrid, Milan, Rome, etc.
Depuis l’annonce du projet en mai 2021, son périmètre fait l’objet de négociations difficiles avec la préfecture de police, qui a cosigné le décret publié jeudi. Initialement inclus, les quartiers de la rive gauche situés entre le boulevard Saint-Germain et la Seine ont été retirés du périmètre, tout comme les îles de la Cité et Saint-Louis et les hauts quais de la rive droite.
Les organismes de transport et de logistique franciliens, réunis sous la bannière du Groupement des activités de transport et de manutention de la région Ile-de-France (Gatmarif), ont demandé des précisions à la mairie mi-septembre. sur les conditions d’accès et la présentation des éventuels justificatifs. « Les modalités de contrôle ainsi que la liste des justificatifs permettant d’établir le droit de circuler dans la zone à circulation limitée seront définies par un arrêté conjoint de la maire de Paris et du préfet de police. » précise le décret publié jeudi. “Il y aura une première phase d’enseignement, avant une deuxième phase de contrôle et de verbalisation” avec un système de cartes de résident et d’autodéclaration en ligne, a indiqué la mairie.
L’opposition critique une « décision de proclamation »
Dans les rangs de l’opposition, certains, comme Maud Gatel (MoDem), craignent que le ZTL ne « met en danger le dynamisme commercial et culturel » du secteur. “Le message sous-jacent est ‘ne venez plus'”, estime le chef du parti centriste au Conseil de Paris, qui critique un « décision de proclamation, car en réalité, il sera presque impossible de contrôler les entrées et les sorties ».
Selon son étude d’impact, la mairie de Paris s’attend à une baisse “substantiel” du volume de trafic dans les artères les plus fréquentées, avec -30% sur l’avenue de l’Opéra et -15% sur le boulevard de Sébastopol, plus à l’est. Il prévoit également une réduction du bruit et une amélioration de la qualité de l’air grâce à une réduction des concentrations de dioxyde d’azote (-15 % sur l’avenue de l’Opéra et le boulevard Henri IV, -10 % sur le boulevard Sébastopol). Bref, estime David Belliard, cet outil « va améliorer le quotidien des 110 000 personnes qui vivent dans le centre-ville de Paris ».