« Le gouvernement nous a pris pour des marionnettes »… Les campagnes bouillonnent avant d’agir

« Le gouvernement nous a pris pour des marionnettes »… Les campagnes bouillonnent avant d’agir
« Le gouvernement nous a pris pour des marionnettes »… Les campagnes bouillonnent avant d’agir

Dans tout le département, les fermes frémissent en silence. Avec le traité UE-Mercosur, qui promet une ouverture accrue des marchés agricoles aux produits d’Amérique latine, la pression monte et les inquiétudes des agriculteurs augmentent (voir encadré). En réalité, depuis le 19 janvier et le début de la crise agricole qui a embrasé tout le pays, le quotidien de certains des céréaliers et éleveurs les moins bien payés de reste inchangé. Notamment dans le Comminges, où Alyse Levasseur et Pierre Dulac tentent de sauver leur ferme de Saint-Ignan.

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L’automne dernier, le couple qui élève des vaches limousines a failli tout abandonner. La maladie hémorragique épizootique (EHD) ravageait leur bétail. Près de soixante bovins ont été contaminés : la majorité a survécu grâce aux soins vétérinaires, mais douze ont été intubés et quatre sont morts. “Heureusement, cela n’a pas eu de conséquences sur la reproduction comme on aurait pu le craindre”, explique Pierre Dulac.

Sauvé de la faillite

Sans l’aide d’urgence débloquée par l’État, l’exploitation se serait effondrée. « Tout a été débloqué en un mois, une rareté pour l’administration française », ironise l’éleveur de 35 ans. Pour le reste, la situation financière des dirigeants du Gaec de Picheloup est toujours précaire. À la fin du mois, le couple se paie à peine 18 000 euros par an, une somme bien inférieure au SMIC annuel, malgré un travail épuisant et continu.

« Nous ne pouvons pas continuer ainsi. Le gouvernement est au pouvoir depuis plus d’un mois : il est temps d’agir », insiste l’agriculteur.

Cette exaspération est partagée bien au-delà de son village : de la frontière avec le Tarn-et-Garonne jusqu’au Lauragais où Thomas Klunker, co-secrétaire des Jeunes Agriculteurs, a son exploitation.

« Une fois, les caméras étaient éteintes… »

Le jeune homme n’a pas de mots assez durs pour qualifier l’attitude de l’Etat et des services préfectoraux. « Ils nous ont pris pour des pantins en nous brandissant un projet de loi sur la baisse des charges. Ils nous ont vendu cela comme une solution miraculeuse qui nous apporterait de meilleurs revenus. C’est pour cela que nous sommes descendus dans la rue. Mais rien n’a abouti ! C’est comme si les mois de lutte n’avaient servi à rien », déplore le céréalier.

Il s’attend à ce que la colère des agriculteurs reprenne. « L’abandon et le désespoir pourraient pousser certains à des actions extrêmes », s’inquiète le représentant syndical.

Les élus de terrain s’inquiètent également de la situation actuelle. C’est le cas de Sébastien Vincini, le président du conseil départemental : « La profession agricole est encore touchée par de nombreuses crises, notamment sanitaires. Les demandes de simplification du dossier PAC (Politique Agricole Commune) et d’accélération des paiements ont été entendues, mais une fois les caméras éteintes, les promesses n’ont pas été tenues.» Le secrétaire national du Parti socialiste prévient : « Engager sans tarder une loi d’orientation agricole est indispensable. Cela faisait un an qu’on l’attendait. Il est impensable qu’ils continuent à vendre à perte. Nous avons besoin de transparence sur les prix et d’un meilleur partage de la valeur ajoutée entre transformateurs et distributeurs.

Jérôme Bayle alerte sur le « danger mortel » du traité avec le Mercosur

Jérôme Bayle, agriculteur et président des Ultras de l’A64, a adressé le 28 octobre une lettre aux présidents des partis politiques pour alerter sur la crise agricole française, exacerbée par la signature imminente de l’accord du Mercosur, prévue lors du prochain G20 en Brésil. Cet accord, s’il était signé, entraînerait selon lui la fin de l’agriculture française, dépassée par des produits aux normes bien moins exigeantes.

Bayle insiste sur le fait que la France possède l’une des agricultures les plus respectueuses de l’environnement et des plus sûres pour le consommateur. Il alerte sur le risque de disparition de la ruralité et de la souveraineté alimentaire si cet accord entre en vigueur, impactant l’économie et l’attractivité des zones rurales. Il dénonce l’importation de produits non conformes aux normes françaises, comme les céréales OGM, la viande aux hormones, ou encore les animaux élevés sans respect du bien-être animal, alors même que les agriculteurs français sont soumis à des exigences élevées. La figure médiatique de la lutte paysanne appelle les partis à soutenir les agriculteurs et à faire preuve de bon sens pour éviter que cet accord ne condamne l’agriculture française.

1,8 milliard d’euros versés aux agriculteurs de la région en 2024

En 2024, l’Occitanie a bénéficié de 1,8 milliard d’euros de soutien de l’État et de l’Europe (contre 1,58 en 2023), dont 31 millions alloués exclusivement au SME, ou aide de crise. La Haute-Garonne a bénéficié de près de 100 millions d’euros d’aides de la PAC, et de 11 millions d’euros de dotations d’urgence.

 
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