Plusieurs librairies indépendantes du Poitou, dont celles de Poitiers et Niort, ont choisi de ne pas exposer le livre de Jordan Bardella, président du Rassemblement national, estimant qu’il ne correspond pas à leurs valeurs. La promotion de cet ouvrage, dont la sortie est prévue le 9 novembre aux Éditions Fayard, a également été refusée dans les gares SNCF au nom du principe de « neutralité politique ».
Les libraires défendent leurs choix éditoriaux
Pour Pauline Jallet, co-gérante de la librairie Au bavardage à Poitiers, le choix de ne pas exposer le livre de Jordan Bardella est tout à fait conforme aux valeurs de son établissement. “Nous n’avons pas de livres d’hommes politiques, notamment d’extrême droite. Cela ne correspond pas aux valeurs de la librairie. précise-t-elle.
A Niort, même refus pour le livre de Bardella
De son côté, la cogérante de la librairie de Niort L’ombre du vent expliquer à France Inter qu’il “Il était hors de question pour nous, dans une petite librairie où nous disposons de 3 000 références, de mettre en avant ce livre.” Elle indique que d’autres libraires indépendants pourraient suivre cet exemple et assure que ses clients ont été rassurés “savoir que le lieu qu’ils connaissent depuis six ans reste intègre dans ses choix et ses valeurs humanistes. A Poitiers, les clients de Pauline Jallet partagent cet avis. « C’est la liberté du libraire. C’est à lui de décider. Je trouve ça très bien de pouvoir choisir ce qu’on diffuse », commente l’un d’eux.
La pluralité des idées en danger, selon les libraires
Face aux critiques de censure, Pauline Jallet insiste sur la disponibilité de l’œuvre dans d’autres points de vente. “Les idées de Jordan Bardella sont suffisamment mises en avantque ce soit à la télé ou dans les médias Bolloré. Nous n’empêchons personne d’y accéder. explique-t-elle. La libraire s’inquiète surtout de l’influence de Vincent Bolloré sur l’édition, notamment depuis son rachat de Fayard à l’automne 2023. Elle cite en exemple la suppression d’un titre sur la Palestine du catalogue Fayard après son acquisition. . “Cela menace la pluralité des points de vue dans la littérature.” Pauline Jallet précise qu’elle continuera à sélectionner les œuvres de Fayard au cas par cas.
Guillaume Bourain, libraire à La Rochelle et vice-président de l’association des librairies indépendantes de Nouvelle-Aquitaine, voit lui aussi d’un œil critique l’évolution de Fayard depuis son rachat par Bolloré. Pour lui, cette acquisition fait évoluer la maison vers une ligne conservatrice. « Nous respectons l’obligation de commander les œuvres, mais nous restons libres de choisir celles que nous mettons en avant » insiste-t-il.
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