Une langue de plus sur Google Translate. Depuis cette semaine, la plateforme propose du « français canadien » sur sa plateforme qui compte un milliard d’utilisateurs. Sur les réseaux sociaux, certains Québécois se sont amusés à observer les différences avec le français parlé en France métropolitaine. La conclusion : il y a encore des progrès à faire.
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Google Translate n’a pas encore la richesse du vocabulaire français québécois, note Geneviève Breton, she runs the channel “Ma Prof de Français” on YouTube : « Ce n’est pas parfait. Google Translate n’est pas spécialisé dans le langage informel. Évidemment, il ne maîtrise pas la profondeur des registres linguistiques. Mais elle laisse du temps au traducteur : « L’outil s’affinera au fil des usages et des corrections proposées. »
“C’est bon pour la représentation”
Thomas a également testé la fonctionnalité. Cet expatrié français au Québec tient la page « Les Français du Québec » : « J’ai testé des mots de la vie quotidienne, la traduction est très bonne, immédiate. Cela peut être utile pour certains mots de vocabulaire, qui ne sont pas utilisés dans le même contexte, comme pour l’école. Par exemple, un cartable, ça n’a rien à voir avec ce qu’on a en France. Ici, c’est un classeur. Il sourit : “C’est compliqué quand on fait les courses pour ses enfants pour la première fois.”
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De son côté, Geneviève Breton constate qu’en anglais, cette variante n’existe pas. « Il y a cependant celui parlé en Angleterre, en Australie, en Ecosse, aux Etats-Unis. Le revers de la médaille est que cela peut amener certaines personnes à croire qu’il s’agit d’une langue différente, alors que ce n’est pas du tout le cas.» Elle salue cette arrivée dans le monde de Google : « C’est bon pour la représentation. Il existe chez les francophones un syndrome de l’imposteur, ou d’insécurité linguistique. Comme si notre français était moins bon, moins légitime faute de représentation.»
Langues régionales disponibles
Au total, 250 langues peuvent être traduites par la plateforme Google, dont les langues régionales. Comme l’occitan, le corse et le breton. « C’est une belle reconnaissance. Cela permet à la langue et à la Bretagne de rayonner à l’échelle mondiale »se réjouit David Lesvenan, président du fonds de dotation numérique Bretagne. Il se souvient avoir mené ces dernières années un *”travail d’information et de lobbying”*, auprès de Google, pour “rejoignez d’autres langues celtiques comme le gaélique ou le gallois”.
En Bretagne, plus de 5 % de la population parle breton, soit 200 000 locuteurs, qui peuvent, depuis l’été dernier, utiliser Google Translate comme dictionnaire pour affiner leur vocabulaire. C’est aussi une manière de perpétuer une langue. “D’ailleurs on est à la lettre b”poursuit David Lesvenan. “Quand on fait défiler la liste des langues proposées, on apparaît assez vite, et cela participe, pour nous, de la visibilité numérique de la Bretagne dans un monde du savoir qui se structure aujourd’hui autour du numérique.”
Traduire de Breton vers d’autres langues
David Lesvenan note que la traduction est plutôt fiable « pour les traductions courantes, mais il doit être amélioré pour les traductions littéraires ou plus complexes ». Mélanie Jouitteau, chercheuse au CNRS et spécialiste de la langue bretonne, observe également ces derniers mois les progrès du ChatGPT pour la traduction, de plus en plus efficace et précise.
“La plupart des gens qui parlent breton actuellement sont tous bilingues en français, donc ce qui les intéresse c’est plutôt la traduction vers d’autres langues que le français”notes Mélanie Jouitteau. « Par exemple, je regarde des traductions du breton vers le grec et c’est vraiment joli. »
Le chercheur émet un bémol et interroge ces traducteurs ultra-puissants : « C’est quand même assez étrange qu’on ait de grandes entreprises américaines qui viennent équiper les usages linguistiques des citoyens français. N’est-ce pas encore quelque chose d’étrange ? Je pense qu’il y a des questions de souveraineté sur les technologies linguistiques qui sont déployées en ce moment et nous sommes un peu en retard.
L’été dernier, 110 langues ont été ajoutées par Google, comme l’Inuktitut, la langue des Inuits, un patois jamaïcain ou encore le Manx (aussi appelé « Manx »), une langue celtique originaire de l’île de Man, entre l’Irlande et la Grande-Bretagne. . Elle a failli disparaître avec la mort, dans les années 1970, de son dernier locuteur. Il y en a aujourd’hui plusieurs centaines.