DDans le champ d’action d’un coach, l’art de gérer les égos compte autant que la compétence technique. C’est d’abord ses qualités de persuasion que Fabien Galthié devra déployer lundi pour convaincre Thomas Ramos et Matthieu Jalibert de la pertinence de ses choix.
En l’absence de Romain Ntamack, blessé au mollet, le sélectionneur du XV de France compte confier le poste de demi d’ouverture contre le Japon à Thomas Ramos, le plus souvent latéral avec le Stade Toulousain, plutôt qu’à Matthieu Jalibert, auteur d’un brillant début de saison en dix avec l’Union Bordeaux-Bègles.
Une forme de méfiance
Fabien Galthié a personnellement appelé Jalibert la semaine dernière pour l’informer de sa décision. Il lui a dit qu’il serait dans les 23 lors du premier test de l’automne mais que sa préférence allait à Thomas Ramos en dix, le Parisien Léo Barré occupant le poste d’arrière. Cette association est celle qui a terminé le tournoi des Six Nations 2024 contre le Pays de Galles et l’Angleterre.
A défaut de confirmer cette option pour affronter les Japonais, Fabien Galthié a fourni des arguments pour la justifier dans l’entretien qu’il a accordé vendredi à L’Équipe. « On peut comprendre notre logique en plaçant en ouverture un gars (NDLR : Ramos) qui a joué les deux derniers matches de l’équipe de France en 10, qui a été champion de France avec Toulouse en 10 (en 2021). » Et si le coach des Bleus souligne le bon début de saison de Jalibert, on peut aussi lire implicitement dans ses propos une forme de doute et de méfiance à l’égard du joueur de l’UBB. « Il a réalisé de belles performances. Avec Bordeaux, il est sur une dynamique collective. Mais il n’y a pas que la dynamique collective du club, il y a aussi l’expérience avec nous. »
« Mon objectif a toujours été d’essayer de débuter comme latéral en équipe de France »
Et les dernières performances de Jalibert avec les Bleus, que ce soit lors du quart de finale de Coupe du monde perdu contre l’Afrique du Sud ou au début du tournoi 2024, ne parlent pas en sa faveur.
Que l’ouvreur de l’UBB ait du mal avec cette situation est légitime pour un concurrent. Là où la situation est un peu plus complexe à gérer pour Galthié, c’est que Ramos envisage sa titularisation à dix avec réticence. « Dans ma tête, je suis le numéro 15 », a déclaré le Toulousain sur RMC. « Mon objectif a toujours été d’essayer de débuter comme latéral en équipe de France », explique-t-il, utilisant le mot « dépannage » pour commenter ses passages en ouverture.
Dépannage
La saison dernière, Ramos a « aidé » plus que d’habitude en étant titularisé 13 fois en dix et 15 fois en quinze sur les 32 matches qu’il a disputés. En revanche, depuis la reprise, il a été aligné cinq fois en défense et seulement deux fois en ouverture.
On peut comprendre les réserves du Toulousain. Il a aussi une « histoire » avec Fabien Galthié. Et après avoir subi la concurrence de Melvyn Jaminet, Ramos n’a pas forcément envie de laisser le champ libre en quinze à Léo Barré.
Galthié va-t-il changer d’avis au fil de l’entraînement ? Ce n’est pas son habitude. D’autant que l’équipe qui débutera contre le Japon sera probablement, à une ou deux exceptions près, celle qu’il compte aligner contre la Nouvelle-Zélande une semaine plus tard au Stade de France.